La Forêt
4.4
La Forêt

Film de Jason Zada (2016)

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American Onryô : Brochette Boeuf-Fromage

Aokigahara est une gigantesque forêt japonaise située au pied du mon Fuji. Dans ces 35 km², un nombre incalculable de disparitions mystérieuses...
Le réseau téléphonique ne passe pas, la composition du sol dérègle les boussoles, des crevasses, la désorientation sensorielle est totale, les cimes recouvrant énormément le ciel. S'aventurer hors des sentiers prévus est dangereux, pour de multiples raisons.Surtout la nuit.
En effet, la nuit tombée, vous êtes livrés à vous même, que ça soit de la faune sauvage,des amateurs d'urbex, l'une des nombreuses personnes suicidées au détour d'un arbre,de voleurs venant récupérer les biens des gens ayant franchi le pas.... ou bien de Yûrei/Onryô, esprits (yôkai) en quelque sortes damnés, restés sur Terre car n'ayant pas trouvé le repos après leur mort, obsédés par une rage, des regrets... Qui sait.


Le film fait un réel effort de justesse et tous les détails sont respectés, que ce soit les panneaux d'avertissement et conseillant un numéro d'aide aux personnes, en passant par la boussole, les sols trompeurs, les cordages laissés par les gens pour se repérer ou pour qu'on les retrouve et enterre une fois morts...mais que les voleurs arpentent aussi.
Une des bonnes idées est qu'à partir du moment ou l’héroïne rentre dans la forêt, le ciel n'est quasi jamais filmé pour faire perdre les repères de temps,étouffer et oppresser, là ou en ville elle était filmé en hauteur dans les buildings.


Comme toute bonne série B bien mais pas inoubliable, le film s'attarde une bonne demi heure sur une exposition des faits bien mollassonne que vous pouvez zapper (La sœur jumelle un peu émo et suicidaire d'une jeune américaine a disparu aux abords d'Aokigahara et un charmant reporter ainsi qu'un guide vont tenter de l'aider à la retrouver.) pour vous concentrer sur l'attrait principal : LA FORET.


Les 3 protagonistes quittent les sentiers rassurants de ce vaste endroit pour entrer dans un monde silencieux et hors du temps, presque irréel.


Le réel intérêt du film va venir de toute le "folklore", de l'ambiance véhiculée par ce lieu plus que par son histoire elle-même. Le film sombrera d'ailleurs dans le navrant lors de ses 2-3 tentatives de jump scares bien cheap et ne sera jamais aussi mauvais que lorsqu'il essaie de faire dans le sensationnalisme.


Un plan de 3 yôkai autour d'une tente , le père dans le stéréoscope et la onryô "sushi californien" de fin, j'y reviendrai.


Non. Quand le film réussit à faire peur, c'est par l’atmosphère, le craquement des branches, le bruissement des feuilles, une ombre à peine perceptible, un pendu au détour d'un arbre.


Néanmoins ne boudons pas notre plaisir et lorsque la première nuit se passe, un cliché japonnais, pardon,


Une jeune écolière en tenue se trouvant être un onryô "brochette boeuf fromage" plutôt qu'une mère au foyer, un enfant, une salarywoman... bref, pour satisfaire l'occidental qui regarde ce film.


fait son apparition.


s'en suis un jeu pervers ou


l’héroïne perd toute notion de réalité,dès lors perdue car manipulée par cet Onryô qui ne la lâchera désormais plus, modifiant la réalité à sa guise, se jouant d'elle, la laissant fuir, la rattrapant, lui mentant, omettant des faits...jusqu'à pousser le vice dans une danse mélangeant trahison,suspicion, psychose et rage incontrôlable.


tout ne va pas se dérouler tranquillement comme le fil de l'eau.
Dommage, une partie de l'acte final est satisfaisant :


L’écolière ne porte aucune marque de strangulations et l'on comprend alors que cette cabane, c'est surement l'endroit ou elle s'est ôté la vie, son lieu maudit ou elle pousse ses proies à venir en les poussant à s'y réfugier pour mettre fin à son jeu et jouir d'une nouvelle victime.
L'avant dernière séquence du film est d'ailleurs plaisante car très anxiogène : Tout nous laisse croire qu'elle ne va pas s'en sortir, l’étau se resserre et tous les Onryô de suicidés entourent la fuite désespérée. Fin ? Et non, dans un ultime mauvais tour, le Yôkai fait observer le poignet pour qu'elle se rende compte... qu'elle est déjà morte il y a un petit moment et que son âme lui appartient. (les Onryô se repaissent des âmes de leurs victimes, ici simulé par l'enterrement "vivant")


Et là ou le film aurait pu laisser un plaisant arrière gout de bœuf sauce soja sucré et de cheddar (à savoir un film pour occidentaux américanisé un brin pour plaire façon the Grudge qui en son temps adaptait lui aussi le thème Yôkai des Ju-On), il se permet un ultime mauvais goût, la fameuse jump scare toute pourrie (et mal faite en plus) que l'on vous sert dans tout bon film qui veut se la jouer cool et effrayant, le fameux "jump the shark-yôkai".
Scène ayant l'incroyable pouvoir d'en plus de vous enlever votre léger sourire, d'être **illogique au possible, le truc se passant HORS DE LA FORET et avec le seul personnage sachant de quoi il en retourne...Le gars le plus prudent de tout le Japon !**


Le film est pour le moment disponible sur la plateforme de streaming légal [N], si le sujet de la forêt d'Aokigahara et des Yôkai vous captive, le film n'est pas si mal et bien qu'il ne vous laissera pas un souvenir impérissable, il mérite un petit coup d’œil.


Sur ce même sujet, vous pouvez retrouver sur Youtube/en Podcasts des tas de vidéos/enregistrements soit instructifs;soit carrément clickbait. Un tri s'impose mais le sujet est réellement captivant.
Il existe aussi le film "Sea of Trees" de Gus Van Sant.


PS :


Les brochettes bœuf-fromages sont une adaptation de plats type brochettes enrobées de fromage pour plaire aux gaijins (et je plaide coupable,c'est aussi super bon!)


"C'est bien ma veine, tiens!" Sara

Vilou
6
Écrit par

Créée

le 9 août 2019

Critique lue 289 fois

Vilou

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