Grande fugue

Un des grands films d'Arthur Penn et un sommet du cinéma des années 70 .

Si cela peut paraitre un polar banal de premier abord , surtout pour les jeunes personnes que vous êtes et surtout pour le réalisateur étincelant de "Bonnie and Clyde " et " Little big man " , il s'avère que c'est bien Penn qui peut dresser cet impitoyable bilan des années 60 , des rèves fous et des lendemains cauchemardesques .

Penn dépeint tout cela dans la forme simple et sans lumière qui convient parfaitement aux lendemains de cuite .

Hackman joue un privé normal , ancien champion de base ball devenu un brin philosophe ( " personne ne gagne , une équipe perd moins vite que l'autre " ) , sans alcool , tabac ou jolie blonde , il résout des problèmes d'échecs pendant ses planques . Pas cool non plus comme le privé d'Altman , il ne comprend guère la nouvelle génération mais la laisse vivre . Il laisse même sa femme le tromper sans ( trop ) y trouver à redire . Un témoin bienveillant plutôt qu'un redresseur de torts .

Gene Hackman est le grand acteur de cette période ( bien plus que De Niro ou Pacino ) , il regarde les rèves s'en aller et les dégats de nos fètes d'alors sur nos enfants fracassés .

Son sourire triste cloture dix années ( 1965-1975 ) d'une parenthèse pas si facile à vivre , et impossible à oublier .

Ce film peut se voir comme la deuxième partie d'une trilogie arthurpennesque de nos années folles : Alice's restaurant ( l'utopie ) - la fugue ( le cauchemar ) - Georgia ( le souvenir apaisé ).