Je suis quelqu’un de très peu actif sur les internets. Sur Sens critique ou ailleurs, je me lance que très rarement à écrire sur un sujet donné. Ceci est facilement explicable par le fait que j’écris uniquement quand quelque chose en vaut vraiment la peine et est assez intéressante pour que je puisse vous proposer mes réflexions plus que bas de gamme. Plus d’un an après m’être décider à prendre mon clavier et à écrire des mots avec, lors d’une nuit fraîche de septembre, en profitant d’un abonnement SFR Play comprit dans mon offre fibre, je me décide donc à regarder La Haine. Ce fut évident, clair comme de l’eau de roche, je savais dès la dernière seconde de la dernière minute que j’allais ici même parler de La Haine. Et ça croyez moi ça n’arrive que très rarement.


La haine est un film de Mathieu Kassovitz sorti en 1995 soit 22 ans avant que j’écrive ses lignes. Le film raconte l’histoire de Vinz, d’Hubert et de Saïd qui après une nuit d’émeutes et de violences dans leur cité, décide de ne rien changer à leurs habitudes et de traîner dans la rue toute la journée. Or il se trouve que cette journée sera une chute incontrôlable vers le reste de leurs vie.


La Haine est tout d’abord un film sur la banlieue. En effet, Kassovitz décide d’immerger le spectateur dans les entrailles de la cité des Muguets rempli de barres d’HLM et d’homme et de femme tous aussi abandonnés les uns que les autres dans cette cité où règne violence et autre trafic. Sans concession, le film nous montre une jeunesse sans repère qui exprime son mécontentement envers ceux qui les ont oubliés par la violence, violence qui est leur seul moyen d’expression. Par conséquent, police et homme politique ne sont pas les bienvenus aux Muguets au risque d’attiser la colère de ceux qu’ils ont oublié. La caméra est ici écrasée par cette imposante banlieue où tout le monde connait tout le monde, et suit fidèlement nos trois protagonistes comme si elle faisait aussi, parti de la bande.


Toute la seconde moitié du film se déroule dans la capitale. Cette nouvelle donne s’effectue par un simple changement de focale qui nous montre que Vinz, Hubert et Saïd sont perdu dans l’immensité parisienne bien loin de leur banlieue. Durant leur bref séjour à Paris, les trois banlieusards font la rencontre d’un vieil homme qui leur raconte une bien étrange histoire sans queue ni tête. Ce décalage est présent pour souligner encore une fois que ces trois hommes ne font pas parti de ce monde bien diffèrent de ce qu’ils connaissent, un monde rempli de privilège. De ce postulat de base, cette seconde moitié n’est présente uniquement pour nous montrer ce décalage entre Paris et sa proche banlieue où ce n’est pas un simple périphérique qui les sépare mais une galaxie toute entière.


La Haine constitue aussi un film sur la police. En effet, la police est présentée comme étant un être sur-puissant qui terrorise les jeunes habitants des Muguets . A la source de tous les conflits qui sont dépeint dans La Haine, la police est sans pitié face à ceux qui s’oppose à elle. Les jeunes bien que terrorisés, s’efforcent de les combattre malgré toute la peur qui sommeil en eux. Dans un monde où toute contestation est sévèrement puni par la police, La Haine est tout de même d’actualité 22 ans après sa sortie. Intouchables et omniprésents, « les gardiens de la paix » exerce d’une main de fer leur pouvoir face à une jeunesse qui essaye tant bien que mal de survivre dans l’oubli, qui conteste contre le pouvoir établi et qui revendique leur droits. Titre du film, la haine est présente chez les trois protagonistes portée contre cette société qui les oppresse jusqu’à ce qu’un jour, elle se relâche contre cette société qui risque de tomber.



« C’est l’histoire d’une société qui tombe et qui au fur et à mesure de sa chute se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien, jusqu’ici tout va bien…
Le problème ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage. »



La Haine est un film sur la révolution. Presque annonciateur d’une future apocalypse, Mathieu Kassovitz nous montre une société qui se meurt. La société telle que nous la connaissons aujourd’hui s’affaisse jour après jour et les derniers mots du film annonce sa fin de plus en plus imminente. Ce que nous dit ces derniers mots c’est qu’un jour l’eau débordera du vase et que le peuple, les oppressés et les oubliés se retourneront contre le système qui les broie et qui se rassure en pensant que tout va bien dans le meilleur des mondes possibles sans comprendre qu’il est en train de vivre ses dernières heures avant une nouvelle ère en oubliant que le problème ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage.

Bibo_
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le 14 oct. 2017

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