On ressemble à quoi pour vous Madame ?

Suite à une bavure policière, la cité des Muguets s'embrasse dans une émeute nocturne. Le jeune Abdel Ichah a en effet été tabassé par un inspecteur de Police. Le lendemain, Vinz (Vincent Cassel), Hubert(Hubert Koundé), Saïd (Saïd Taghmaoui) se retrouvent. En bas des immeubles, la tension est encore vive et la journée promet d'être longue. Jusqu'ici tout va bien ... avant qu'on apprenne qu'un des policiers a perdu son arme lors des échauffourées de la veille...

Quel ovni que "Haine" signé Mathieu Kassovitz ! Entièrement en noir et blanc, revêtant des allures de documentaire plus immersif que n'importe quel reportage de "Zone Interdite", le film a marqué les esprits à sa sortie. Ce qui est troublant, c'est que depuis, certains faits divers nous ont régulièrement rappelé à quel point ce film est intemporel. Au même titre qu'un "Orange Mécanique", son propos est celui de la violence et du malaise profond d'une société : ici, celle des banlieues

Intemporel certes mais chacun des acteurs de ce trio, quasi-inconnu à l'époque, ont fait du chemin depuis presque 20 ans. Malgré leur jeunesse, ils sont terriblement convaincants devant la caméra de Kassovitz. Les dialogues, l'attitude, les réactions : on s'y croirait. Et pour cause, l'intrigue de départ de "La Haine" est basée sur des faits réels, survenus 2 ans avant le tournage.

Paré d'une réalisation impeccable, le long-métrage a retenu l'attention par des scènes cultes et notamment le monologue de Cassel se prenant pour De Niro dans "Taxi Driver", devant son miroir. Il incarne le symbole d'une jeunesse qui prend des gangsters pour idoles, comme en témoigne d'ailleurs le succès de "Scarface", 12 ans avant la sortie de "la Haine". Il n'empêche qu'on suit avec fascination la journée de ces trois branleurs, dépouillés de toute perspective bien brillantes. L'ensemble pourrait paraître bien pesant et grave. Ce n'est pas sans compter sur l'humour de certaines répliques.

Définitivement, ce film est à voir comme un électrochoc cinématographique, à mi-chemin entre le drame et le documentaire, faisant monter le sentiment de malaise du spectateur progressivement, jusqu'à un final en apothéose. Au clap de fin, vous voilà encore tremblant.
Gaetan_Ruiz
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le 1 mars 2015

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Gaetan Ruiz

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