La mélodie du western revival. Alors pourquoi Peckinpah, et pourquoi pas Leone ? Parce que la Horde…est un western viril, dans les règles du genre bourrin, et bien plus. La réputation du film est souvent mal relayée par les fans. Déchaînement de violence, il y a, mais par rebond, pas par accumulation de coups de révolver, fusils, dynamite, etc. Leone avec ses expériences « spaghetti » amène le genre sur des sphères inconnues, inégalées, et « tue » le western, en beauté. Peckinpah y croit toujours, et rend  un tableau très classique dans le genre, dans lequel pointe des traces de modernité, de vision neuve. Normal, le film date de 1969 quand même!
Leone serait plus baroque et iconoclaste, alors que Peckinpah me le fait Néo-classicisme, mêlé à de la pop culture. C’est une relecture, plus qu’un passage à tabac. Divertissement avec de la sauce piquante dedans aussi. Les chasseurs de primes menés par Thornton (Robert Ryan), à la poursuite des bandits de grand chemin qui ont cambriolés la banque, la horde de Bishop (William Holden). Rien de plus simple en apparence. Commence alors le jeu de dupes.
Il ne reste pas grand chose de l’innocence, de la découverte des grands espaces, de l’esprit des pionniers, ou du code de l’honneur de l’Ouest. La course poursuite ne se fait pas entre bons et méchants, c’est finit tout ça. Dès le départ, le règlement de comptes est spectaculaire, en pleine ville un jour de procession religieuse, et n’épargne personne, pas même les civils qui tombent comme des mouches… Quentin Tarentino, a de qui tenir, c’est sûr. Des hors la loi, qui poursuivent des hors la loi. Ils ne valent pas mieux, l’un que l’autre, deux hordes, une devant, une derrière. Et Holden semble avoir le beau rôle, il a toujours un train d’avance sur ses poursuivants, mené par le malheureux Ryan, qui conduit une bande d’amateurs, de bras cassés. C’est un vieux brise quart, employé par le banquier, qui veut récupérer son argent, (normal), et qui ne veut pas payer plus, il n’a pas (selon lui) les moyens de se payer des professionnels, Ryan doit se démerder avec ce qu’on lui donne, (des bras cassés donc), sinon il retournera en prison, ancien voleur lui-même, qu’on a sorti de tôle pour l’occasion. Rien n’est simple. Selon toutes évidences, il n’a aucune bonne carte en mains, et va perdre à ce jeu de : Rattrape-moi si tu peux. Sauf que…Il y a plus.

La haine que se portent Thornton et Bishop, va plus loin que la simple concurrence entre gangsters, (flashback). Une femme s’invite dans le jeu, un souvenir lourd de sens. La traîtrise des uns, la lâcheté des autres, la mort toujours stupide, les coups de surprise que réserve le destin. Et le rapport de force qui semble à l’avantage de l’un pendant une bonne partie du film, évolue imperceptiblement, jusqu’à un final infernal. Et surprise, la révolution mexicaine s’invite à la fête. Et pas pour faire diversion. Les gringos sont obligés de prendre parti. Malins comme un singe, ils s’adaptent, font du commerce. Et on en a plein la vue, avec des vraies scènes de guerre, explosives, « réalistes », et sans concession, magnifiés par la grandeur des décors naturels. Impressionnant, comme l’est l’arrivée du général Mapache, sorte de dictateur local. Général courage, un peu fou, imprévisible, sanguinaire...
Impressionnante, cette partie du film, comme les combats entre les troupes de Mapache et celles de Pancho Villa, (qu’on ne voit pas à l’écran). Il arrive en voiture, Mapache, à la surprise de tout le monde (western moderne ?). Dans Butch Cassidy et le kid, autre western tardif, un des personnages arrive à vélo...


J’ai bien aimé ces retournements de situations dignes d’un mélodrame pour hommes. La vengeance, thème ancestral, n’est pas très productive, le thème est usé. Il a fait les grandes heures du western, ici il le mènera à sa perte, et le fameux code de l’honneur ne servira qu’à entraîner plus de monde dans la gueule du loup, et en Enfer… même les femmes et les enfants, réduits à des putes ou des petits soldats. Une guerre totale.
Angel (un des membres de la horde), sera trahi par sa fiancée, par sa propre mère, et par son double jeu. On ne peut pas être dedans, et hors la horde en même temps. Sacrifié il sera, au nom des codes du genre…Foutu code. Qui a usé le western, jusqu’à sa perte.
Plus le temps fait son œuvre, plus on nous montre le vrai visage de l’Ouest sauvage. Aussi sauvage que cette horde. Un animal à plusieurs têtes, avec des intérêts différents. Et celui qui se croit le plus malin, n’est pas nécessairement gagnant, sacrifié lui aussi, car le destin en aura décidé autrement. Tout le monde est englouti par le désert mexicain, dans un fracas de balles, un déluge de mitraillette. Le film s’enraye pour n’en plus finir, mal. Et c’est comme une libération. Et c’est beau ; maîtrisé, car Peckinpah pose les éléments d’un style reconnaissable entre tous : Ralentis expressifs, devenus presqu’une marque déposée, un cadrage très dynamique, du contenu, un rythme sans temps morts, malgré la longueur du truc. Sacré truc. Bon. Même très bon. A voir.

Angie_Eklespri
9
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le 7 avr. 2016

Critique lue 227 fois

Angie_Eklespri

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