- "T'en penses quoi des allemands mon grand ?"
- "Bah qui z'ont privé Platoche et sa troupe d'être champions du monde en '82 !"
- "Tu parles de quoi là ?!"
- "Bah...la bataille de Séville contre la horde de Schumacher et le traître Corver ! Quelle boucherie ! Guy "Battiston" Môquet seul face au Panzer humain, les déserteurs Six et Bossis..."
- "Mais qu'il est con ! J'te parle de la seconde guerre moi ! Dans le sang et la boue, de l'occupation, pas de mecs en shorts qui chahutent sur du gazon !"
- "N'empêche que Littbarski pouvait dribbler trois adversaires dans une cabine téléphonique !"
- "Mais tu transpires de connerie ! Arrête !"
- "C'est pas de moi mais de Thierry Roland."
- "En plus c'est contagieux..."
Sorti sur blessure, un officier aristo (Maurice Ronet) regagne son fief du Jura avec une patte folle esquintée par les boches. Monsieur l'Duc comme on l'appelle là-bas est désabusé et résigné face à la puissance de l'envahisseur.
Son patelin est coupé en deux par la ligne de démarcation comme la ligne médiane d'un terrain de fussball. D'un côté la défense de la Mannshaft marque à la culotte, joue le hors-jeu et tacle à la gorge la moindre velléité offensive ou quiconque tente de se démarquer. L'autre partie inaccessible du terrain est un eldorado où tous les tricolores rêvent de beach soccer, libre de tout marquage, avec goal-volant, sans esprit de compétition.
Monsieur l'Duc fait équipe avec Madame Mary (Jean Seberg), une ravissante recrue anglaise. La Duchesse est peinée de voir son époux déambulé le froc baissé. De temps en temps, elle rentre en cours de match en jouant pour la Résistance pour délivrer quelques passes décisives. Certains de ses coéquipiers dont l'instit' (Jean Yanne) et le toubib (Daniel Gélin) mouillent tout autant le maillot au mépris du carton jaune ou rouge, de la suspension ou la fin de carrière prématurée.
Bien qu'issus du centre de formation bleu-blanc-rouge, certains acceptent volontiers un transfert vers l'équipe outre-Rhin sans aucun scrupule à marquer contre leur camp.
Le match est indécis et même si les allemands ont la possession de balle, ils restent tout de même friables face aux contre-attaques des locaux...
- "C'est ça ton résumé de mon film ?!"
- "T'énerve pas Tonton, j'me fous pas de toi, c'est juste une figure de style sans prétention. Ça m'amuse !"
- "..."
- "Boude pas, je l'aime ton noir & blanc, ta galerie de héros, de lâches, de traîtres, certains des allemands joués par des français comme Dufilho, toutes ces minis intrigues et surtout Jean Seberg et l'enfoiré de la Gestapo !"
- "Là tu me parles mon grand ! C'est pas les Cahiers du Cinéma mais tu me touches ! Tu te souviens d'Isabelle Huppert...?"
- "Huppert alles in der welt ?"
- "Pfffff...!"
Mon humble cycle consacré à Chabrol : http://www.senscritique.com/liste/Tonton_Claude/395073