Je me rappelle encore la bande-annonce, c'était vraiment très fort. Des séquences monloguées calmes et splendides alternaient avec la fureur de Guadalcanal, sans fausse note flagrante en termes de réalisme. C'était 1998, l'année de la gueule de bois Il faut sauver le soldat Ryan.
C'est donc la fleur au bout du Garand que je m'étais rendu au ciné, convaincu que le spectacle auquel j'allais assister serait un film âpre sur l'une des campagnes les plus dégueulasses de la guerre du Pacifique, dur, réaliste, sans concession au grand spectacle facile, sacrifiant tout au plus, pour des questions de rythme, aux habituels questionnements rebattus sur l'absurdité de la guerre, mais devant des paysagers enchanteurs. Hélas, trois fois hélas...
J'ignorais tout de Terence Malick et de sa formation initiale autant que de ses ambitions sous-textuelles. La ligne rouge n'est pas, et n'a pas été pensé comme un film de guerre, pas plus qu'il ne serait un film sur la guerre. A vrai dire, il s'agirait plutôt d'un genre de film choral, où l'ensemble des protagonistes passent en revue la plupart des interrogations tarte-à-la-crème sur la condition humaine, le mal, la guerre etc et qui surgissent après la lecture d'une ouvrage de vulgarisation sur le bouddhisme. Le tout entrecoupé de séquences de guerre marquantes, sans doute pour appuyer et légitimer le propos, sans toutefois lui donner plus de profondeur.
Dès lors, et une fois admis que ce n'est pas un film de guerre, La ligne rouge s'apparente donc à la mise en images d'un scénario de votre petit cousin de sept ans par un clipeur surdoué qui avait envie de faire des belles images de cartes postales, à coups de palmiers, de plages paradisiaques et de "bons sauvages".
Ce pourrait être parfaitement acceptable pour premier film mal maîtrisé avec un petit relent de cinéma bis. Ca l'est moins concernant le énième film d'un mec qui, à la base, est professeur de philosophie, mais pose des questions digne du primaire sans jamais apporter d'ébauches de réponses, comme s'il vulgarisait auprès d'élèves de CE2.
Tout contribue à donner l'impression que le cinéaste prend son public pour un ramassis de cons auxquels il accorde quelques miettes rassises de sa sagesse.