"I've seen another world"

Genre je fais une critique de La Ligne rouge... Un truc pas simple (et très prétentieux 😊!)... Mais bon, ça ne coûte rien, et c'est le numéro 1 dans mon top 10 films.

Disons déjà que La Ligne rouge n'est absolument pas un "film de guerre" sur la bataille de Guadalcanal. C'est juste le contexte. J'ai l'impression qu'il y a parfois un malentendu à ce sujet.
Bref, c'est peut-être le meilleur film de Terrence Malick (du coup, le meilleur film de tous les temps non ? 😅). C'est un des plus émouvant en tous cas.
La réalisation est sublimissime évidemment. Les images parlent d'elles-mêmes. Quand on regarde ce film pour la première fois, on se trouve plongé dans un état de stupéfaction totale. Tout est tellement magnifique qu'il est presque impossible d'en faire un commentaire ou d'y réfléchir sur le moment. On ne peut pas vraiment l'exprimer avec des mots.

La Ligne rouge est à mon avis l'apogée du style absolument unique en son genre de Terrence Malick, qui est difficilement descriptible. Je trouve que c'est un des rares réalisateurs à avoir apporté quelque chose de réellement inédit dans le cinéma depuis la seconde moitié du XXème siècle. Une sorte de dimension sensorielle/visuelle encore jamais vue.

De manière générale, tous ses films, et La Ligne rouge en particulier, sont très philosophiques, mais de manière complètement mystique, transcendante, contemplative, et intuitive, et ils restent donc accessibles et intelligibles assez facilement et immédiatement, sans nécessiter un effort de raisonnement logique. Le plan final sur la pousse de noix de coco par exemple, résumerait presque le film à lui tout seul, sans rien à enlever ni à ajouter.

Ce style unique est tout à fait judicieux, car les sujets des films de Terrence Malick sont a priori complexes et d'une profondeur sans fond (bien que récurrents) : la magnificence de la nature, qui est en même temps cruelle, impitoyable et inquiétante, à l'image de la nature humaine ; la recherche de la grâce surnaturelle ; les liens entre l'infiniment grand et l'infiniment petit (un brin d'herbe a autant d'importance que la lumière du soleil dans la création puisque tout est lié) ; la supériorité de l'intuition et de la contemplation du monde par rapport à la raison, pour tenter de comprendre les mystères de l'existence ; le pourquoi du comment des malheurs de l'Humanité, etc...
Terrence Malick est notoirement croyant et acquis a la philosophie transcendantaliste.

A part ça, il faut dire que Jim Caviesel est vraiment bien choisi pour le rôle du soldat Witt : on voit littéralement la gloire dans ses yeux !
La bande-son aussi est marquante avec des chants mélanésiens traditionnels très beaux qui vont très bien avec l'ambiance du film.