On dit que David Griffith a "inventé le cinéma". Ce film de 1920 en est un bon exemple : montage époustouflant ; gros plans modernes et surprenants, notamment sur les pieds des personnages et sur des animaux de la ferme (on dirait les gros plans animaliers de Sam Pekinpah avant l’heure!) ; une construction narrative très dynamique, avec des flash-back, toujours novateur pour l’époque, même si c'était déjà habituel dans les films de Griffith. On peut voir une séquence magistrale réalisée en montage parallèle, qui se déroule pendant une tempête de neige, où l’on voit successivement une femme marchant de face sur un chemin, et une calèche lancée à pleine vitesse, dans le sens contraire, de face aussi, le tout filmé en travelling arrière. C'est bien représentatif, Griffith étant pratiquement le créateur tant du montage parallèle que du travelling.
A noter le spectaculaire final, lors du grand dégel, dans lequel Lilian Gish est entrainée sur une plaque de glace dans les rapides d’une rivière finissant en chutes d’eau.
Il faut dire pour finir que l'éternelle Lilian Gish joue particulièrement bien. Encore une des caractéristiques des films de David Griffith est qu'il avait réussi dès les années 1910 à insuffler un certain naturel à ses acteurs. Au-delà de Lilian Gish, qui elle, est toujours géniale, l'ensemble des acteurs sont généralement très bons dans ses films.