Avec la Machine à explorer le temps, H. G. Welles se lance dans la science fiction ambitieuse, et l'époque aidant, une illustration du futur peut prendre des proportions tellement kitchs que les amateurs du genre en rongeraient leurs ongles. Longtemps, le seul aperçu que j'avais eu du film était le dialogue entre Mel Gibson et Gary Sinise dans le monumental Ransom. Le découvrir cette année ne pouvait donc que me combler de joie. On ressort du film avec une impression mitigée d'avoir vu un nanar gentiment kitch, mais également trop naïf pour les ambitions dont il fait preuve.


Vraiment, La machine à explorer le temps a au moins ça pour lui : c'est un nanar kitch des années 50. On se marre donc devant les codes cinématographiques datés de ce film fantastique, qui aligne les évidences avec le soucis explicatif d'un gamin de 8 ans. Tout est simplifié, caricaturé à l'extrême, au point de défier parfois la logique. Ainsi, le film commence alors que la communauté scientifique du pays se réunit chez le savant George, qui apparaît en guenille et éreinté. Il faut dire que le bonhomme revient de loin : il vient de faire un voyage temporel. Vaste blague, qu'on lui répond. En effet, notre monde est constitué de 3 dimensions, et la quatrième nous est interdite ! Merci pour cette leçon dont personne n'était conscient ! Mais non, George a la preuve irréfutable de ce qu'il avance : il a construit la même en modèle réduit. Alors qu'on ose imaginer la complexité du mécanisme, il se lance dans la miniaturisation simplement pour faire une démo, qui est d'ailleurs tout sauf convaincante (un carillon musical s'échappe de la voiture et hop, la voilà disparue). Les scientifiques se cassent, laissant George seul avec son carosse du XVIème, sensé être la machine temporelle. Qu'importe, il décide de s'en aller seul dans le temps. Effectuant un bond temporel d'une cinquantaine d'années, il se retrouve dans la même pièce beaucoup plus tard, pleine de toiles d'araignées. Vu l'état de sa maison, on se demande comment ça se fait que personne ne vive dedans. Et là, il recroise dans la rue toutes ses vieilles connaissances, soit les mêmes acteurs que le passé, mais habillés différemment. Les dialogues prennent alors des proportionns nanardeuses, tant le film veut insister sur le fait que le voyage dans le temps a fonctionné (ce qui se voit au premier coup d'oeil, mais non, on en rajoute une couche). Je passe sur le fait que tous les descendants vivent exactement aux mêmes endroits que leurs parents pour en venir à notre nanardeux avenir.


En effet, après un emballement de la machine, on atterrit 100 siècles plus loin. Et là, les gens vivent vêtus de toges dans l'oisiveté. Ils bronzent et c'est tout. L'un d'entre eux se noie, ils regardent sans réagir. George, modèle typique du gentleman anglais, saute et va la sauver. Puis il se met à critiquer vertement le comportement des autres hommes. Mais voilà, l'humanité est devenue oisive, et ne prend même plus la peine de lire des livres. Toutefois, ils sont instruits et parlent, ce qui est une aberration des plus nanardes. Comment connaissent-ils certains mots comme gouvernement en ignorant le sens du mot feu ? Une dénonciation de la décadence qui fait oublier les notions primaires au profit de l'inutile ? Certes, mais le feu c'est aussi utile et agréable quelque soient les époques. Mais c'est pas grave, on rigole de la morale crétine qu'on nous assène (les livres, c'est bien !) pour se tourner vers les yétis qui vivent sous terre. Des cascadeurs dans des costumes défraîchis qui enlèvent des jeunes femmes soit disant pour les manger, mais c'est surtout pour agiter les bras devant elles, attachées et hystériques (de vrais exhibitionnistes, ces yétis). Mais voilà, ces yétis sont des hommes ! Si si ! En voulant faire dans le pessimisme moral, le film sombre dans l'anticipation nanarde et l'histoire d'amour à l'eau de rose, dont les vagues ambitions kitchs peinent à épaissir le capital sympathie. Le happy end, attendu, n'en est que l'aboutissement logique. Un nanar un peu chiant qui peine vraiment à illustrer ses bonnes idées de façon cohérente.

Voracinéphile
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le 15 déc. 2015

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