C'est notre époque, il faut en tirer le meilleur partit possible !

En pleine guerre froide, la réalisation d'une adaptation de la machine a explorer le temps n'a rien de bien étonnant. Alors que les deux blocs sont en pleine confrontation et que la tension dans l'air est des plus désagréable, quoi de plus étonnant que de voir les gens se tourner vers d'autres temps. Ne serait ce que pour relativiser leur époque. Ne serait ce que pour adoucir ces heures sombres au souvenir d'un passé ou d'un avenir plus paisible.


The time machine donc, reprend avec fidélité le roman de Wells et transporte le spectateur dans le temps afin qu'il puisse s'évader de ces sombres années.
Ceci dit, au lieux d'établir une critique sur les différentes classes et sur leur évolution possible, le film choisit de s'éloigner du propos de L'auteur afin de se transformer en critique pure et simple de la guerre et de ses conséquences. La chose était après tout simple à réaliser puisqu'il suffisait de modifier un détail : la raison de la séparation entre Elois et Morlocks. De la à dire que les problèmes relatifs aux différences des classes et ceux relatifs à la guerre sont les mêmes...


Enfin bref.


Malgré sa fidélité à l'oeuvre originale, le film prend quelque liberté afin de servir son propos et notre héros fait plusieurs escales avant d'arriver dans ce futur si vertigineusement éloigné.
Partit au moment de la guerre des Boers, il verra que notre belle société s'est embourbé dans la première guerre mondiale puis dans la seconde. Peu optimiste quoi que réaliste (après tout c'était un futur envisageable à l'époque), le voyageur sera témoin de la stupidité de l'homme qui, n'ayant sut tirer des leçons de son passé, se fourvoie en 1966 dans une nouvelle guerre, atomique cette fois.
La guerre, la guerre, toujours la guerre. Pour un homme désireux de voir venir des jours meilleurs (tout comme le spectateur), la chose est terrible.


Ces jours meilleurs semblent être arrivés avec le temps et lorsque George découvre un futur verdoyant ou la population passe son temps à bronzer et à se baigner, loin de toute préoccupations, un espoir renaît.
Mais encore une fois, si l'on y regarde de plus près, les choses sont toujours aussi triste. La guerre n'est pas déclarée, il n'y a pas de champs de bataille ou de soldats en uniformes, mais la triste réalité de la guerre, tout comme à la sortie du film, est bien présente.
Présente par ses conséquences : l'annihilation d'une grande partie de la population mondiale.
Présente par l'opposition farouche de deux camps : Elois et Morlocks, ayant fait deux choix de vie (idéologiques ?) opposés vivent chacun de leur côté sans partage et dans la crainte : celle des Elois de sortir de nuit, celle des Morlocks de voir la lumière.
Présente par la mort : la vie des uns dépendants de la survie des autres, les Morlocks fournissant le nécessaire à la survie des Elois, ceux ci leur fournissant leur vie pour nourrir les Morlocks. Les uns comme les autres, trop pris dans l'engrenage de l'habitude et de la stupidité n'ayant probablement pas conscience de l'absurdité et de la cruauté de leurs actes.
Ce n'est donc plus la guerre, mais la guerre est là tout de même. Un bien triste constat n'est il pas ?


Là où le choix du film en 1960 peut être un peu questionnable, c'est dans la solution apporté par ce bon Gorge.
Certes, il se désole que des siècles de connaissance et de culture soit tombé dans l'oublie. Certes, il enrage de voir que l'Homme n'a pas sut progresser suffisamment pour vivre en paix et en barmonie. Certes il critique les oeillères de ces hommes et femmes stupides et aveugles.
Il n'empêche que ce bon George, en pénétrant dans le royaume des Morlocks et en se battant contre eux, réveille les instincts de combattants des Elois et déclenche pour le coup une guerre ouverte contre les Morlocks qui finissent détruits et/ou brulés vifs dans leurs souterrains...


Le coup du "je suis contre la guerre, c'est ignoble ! N'empêche, détruisons ces salauds jusqu'au derniers !" Est un peu douteux n'est il pas ?
Car après tout, les Elois quoi que bétail, ont toujours profité des Morlocks, et ceux ci n'ont fait que s'adapter (en devenant cannibale certes, mais c'est de l'adaptation. Sans quoi quels monstres sommes nous face aux vegans ?) pour survivre...


Certes, le film présente la chose de belle manière. Un peuple innocent tué par une horde de sauvage réveillé par l'impulsion d'un étranger parvenant à se libérer pour construire une société nouvelle ou la fainéantise est abandonnée mais où la paix règne enfin...
Mais les faits sont là : on nous montre le désastre de la guerre (que même la terre ne peut plus supporter -opportun à une époque où des joujous tels que des bombes H pouvaient la détruire), on nous fait espérer la paix, et comment nous propose-t-on de résoudre le problème ? Par le sang. Une bonne petite guerre ouverte et violente pour mettre un terme à cette guerre perpétuel qui ne veut pas dire son nom.


J'avoue qu'en voyant cette conclusion, je me suis prise à remercier l'Homme de ne pas avoir choisit cette option à l'époque, sans quoi nous aurions eut le droit à une troisième guerre mondiale...


Cependant, si la conclusion du film laisse à désirer, le raisonnement n'est pas si stupide. L'homme, avec ses instincts belliqueux, peine à tirer des leçons de son propre passé (même si contrairement aux Elois nous ne l'avons pas encore oublié) pour s'améliorer. Guerre après guerre, l'Homme perfectionne ses armes et semble être incapable de calmer ses ardeurs alors que toute sa connaissance, toute sa technologie pourrait le guider sur des chemins plus paisibles.


La réalisation quant à elle, est plutôt bonne. Décors et costumes nous transportent vers cet autre monde tout en douceur et la musique accompagne très bien l'ensemble, spécialement dans les moments forts.
Les acteurs sont plutôt bons, au point même que les Elois en deviennent presque aussi agaçants que dans le livre de Wells.
On pourra certes regretter certains détails (notamment la difficulté de communication qui est complètement zappé dans le film, ou la facilité avec laquelle George récupère sa machine après que les portes se soient ouvertes toutes seules), mais dans l'ensemble le film est plutôt réussit.


Une adaptation relativement bonne du livre de Wells, même si elle s'éloigne du livre pour changer son combat et le rendre plus d'actualité et qui nous livre d'intéressantes réflexions sur notre passé, notre époque et le futur que nous nous réservons.

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le 11 mars 2016

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Gaby Aisthé

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