Ici, on matérialise le fantasme.
Ici, on affiche le désir, on le dispose dans le réel.
Ici, on dit « oh, ça m’est égal », non pas car l’on recèle des intentions que l’on voudrait que l’autre saisisse et que l’on n’oserait révéler, mais pour clamer son intention-même.
Ici, on s’affranchit de tous dogmatismes, surtout de dogmatismes de la séduction.
Ici, l’amour et le sexe meuvent tout, meuvent le champ, meuvent les discours, meuvent les relations, toutefois on se garde de les sacraliser.
Ici, on s’aime, on s’aime parfois, on s’aime peut-être, on sait pas si on s’aime, on sait pas qui on aime.
Ici, on baise, on baise partout, on baise avec l’un, on baise avec l’une, on baise avec l’autre, « on baise comme une pute », « mais les putes ça n’existe pas ».
Ici, on s’adonne entièrement à ses désidératas, on se rencontre, on se délaisse, on baise parmi, on se promet des choses, on disparaît, on sévit dans l’indifférence.
Ici, on agonise inéluctablement, on souffre face à la volupté.
Ici, on boit, « mais ça n’a pas d’importance ».
Ici, l’artifice n’a d’égal dans sa sincérité.
Ici, on fait fi du convenu, de l’escompté.
Ici, la notion de temps est empreinte de caducité, l’épuisement est dessein.
Ici, dans la discussion, on ne s’évertue guerre à la précision, mais à démocratiser l’irrévélable, on ne s’emploie point au fluide, mais à mettre en exergue les fulgurances.
Ici, on n’a de cesse de tendre vers le comique, rire il ne faut néanmoins qu’avec parcimonie.
Ici, le cinéma, ses tributaires plébiscités, on les cite avant d’être iconoclaste.
Ici, la musique, bien qu’elle enjoigne à convoquer un héritage, des émotions, ne fait que s’impatroniser de brefs instants sans demeurer dans ce qui doit suivre.
Ici, la mise en abîme s’accompagne dans l’écrit et le formel, le mot d’auteur édifie l’authentique.
Ici, le souffle libertaire s’érige dans l’effronterie du sincère, dans l’irrévérence de celleux qui dans la paresse s’épanouissent.
Ici, en somme, on déconstruit, on vagabonde afin d’envisager l’amour, la vie de bohème, le féminisme, le cinéma, le regret d’un temps politique, les affres de sa propre vie.