Excellent exposé, mais la copie gagnerait à être plus soignée
La Maman et la putain est un film extrêmement pénible à regarder. C'est du champ-contrechamp à la truelle, le point est fait une scène sur deux, les acteurs jouent comme des merdes et le bruit de la circulation couvre parfois les dialogues. À terme, l'infâme tête à claque de Jean-Pierre Léaud donne envie de shooter dans son écran avant de se flanquer par la fenêtre. Pour éviter ça, je conseillerais de faire une pause toutes les heures, de boire un coup ou d'aller promener le chien en attendant que la moutarde redescende et que la migraine s'estompe. Puis de s'y remettre. Parce que ça vaut le coup.
À travers des dialogues, tellement bien écrits qu'ils sont prononcés textuellement, et une intrigue allégorique, Eustache fait une analyse ultra pertinente du rapport amoureux d'un homme aux femmes sur fond de critique de la société post-mai 68. Là où un Blier était relativement enthousiasmé par les nouvelles libertés des années 70, Eustache portait un regard très réactionnaire sur son époque (pléonasme, pardon), peu commun dans cette génération de cinéastes. Imaginez un Rohmer zemmourien (... ou encore mieux, un Zemmour rohmerien ! LOL ah non, ça ne marche pas) en moins vénère, plus dépressif (quoique) et quarante ans avant. Et puis, je reviens sur les dialogues pour ajouter qu'ils sont souvent plutôt rigolos, c'est pas non plus la grosse marrade à la "touche pas au grisbi, salope", c'est plutôt le genre spirituel sarcastique. Mais pas le sarcasme compulsif* pourri du cliché parisianiste, c'est de la bonne ironie bien cuisinée.
Bref, vraiment chiant, mais vraiment intéressant. Ça arrive. Souvent. Malheureusement.
* Cf Ironie et vérité de Belhaj Kacem.