Clint Eastwood nous livre encore un film où il est à la fois devant et derrière la caméra. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il transparaît au travers de Earl, le protagoniste principal, un étrange parallèle avec Clint lui même.

Ce road movie, car je l’ai ressentie comme tel, nous emmène sur la route d’un vieil horticulteur reconverti dans le transport de stupéfiants... presque à son insu. Il nous emmène alors sur une route pleine de regrets et de souvenirs. Une route presque testimoniale. Où le personnage refait l’histoire de sa vie et parcourt son époque. Une époque dans laquelle il vit, sans pour autant la comprendre. Comme s’il se disait : « le monde change... et il a changé plus rapidement que moi... ».

Il y a également de l’humour dans ce film, dont une bonne partie qui se ramène à la mise en scène de Clint lui même. Il sait qu’il n’a plus 20 ans et il s’en amuse... et nous aussi. N’empêche que cet humour ne dessert pas les situations et les personnages qui servent le reste du récit. L’écriture du film ne fait pas de vagues mais, même lors des interludes où l’on suit le pickup du vieux Earl écoutant sa musique, elle nous permet de nous rapprocher du personnage principal.

Techniquement parlant, le montage est relativement académique, mais la photographie terne et grisâtre (sans rappeler une fleur qui commencerait à faner) redonne du corps au film. Cela nous rappelle également que Clint Eastwood fait partie des adeptes de la pellicule... ce qui se fait de plus en plus rare et c’est dommage.

De mon point de vue, c’est un film loin d’être spectaculaire mais qui saura, dans son propos et le traitement de ses personnages, nous emmener sur la route du souvenir et de la mélancolie. Comme un signal que Clint nous envoie pour nous dire que malgré son âge, il sait encore faire du cinéma sans artifices.

MrMovieFan26
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le 4 févr. 2019

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