Les mutinés de l'Arizona

Ce film s'inscrit parmi les "films de prison", sous-genre qu'on ne sait jamais trop où classer, mais que moi j'incluerais dans le policier, vu que la prison représente l'aboutissement d'un parcours de criminel, généralement arrêté par des flics et jugé par un tribunal. Ce n'est pas le meilleur de cette catégorie, qui a 2 facettes : la simple observation des détenus, et la tentative d'évasion ou l'émeute, ces 2 éléments étant souvent liés comme ici. Parmi les meilleurs films de la première catégorie, on peut citer le Prisonnier d'Alcatraz et le Trou, alors que la seconde catégorie compte 2 franches réussites réalisées toutes deux par Don Siegel : les Révoltés de la cellule 11 en 1954, et L'Evadé d'Alcatraz en 1979.
La Mutinerie est soi-disant inspiré de faits réels, je ne sais pas si c'est vrai, j'ai lu des avis contraires, mais le film est bien tourné dans une vraie prison, le pénitencier d'Etat de l'Arizona, avec comme figurants de vrais détenus et de vrais gardiens. Le film peine un peu à démarrer, le rythme est assez lent et ça parle beaucoup, mais une fois lancé, ça se suit sans trop de mal, Buzz Kulik étant un bon réalisateur de télévision ; il a livré une solide mise en scène à l'instar de ses autres films comme un curieux Pancho Villa et le Chasseur, polar musclé qui fut le dernier film de Steve McQueen.
Ce qui me semble peu crédible dans ce film, c'est la façon dont les Blancs et les Noirs deviennent copains dans cette Amérique ségrégationiste, bon c'est une émeute destinée à cacher en réalité une évasion par les sous-sols de la prison, mais dans le contexte de l'époque, c'est à dire 1968 (date du tournage) et 1969, l'Amérique était en pleine période d'émeutes raciales, et la mixité était très mal vue aussi bien par les Blancs que par les Noirs. D'un autre côté, c'est peut-être pour délivrer un message de tolérance, quoique je doute que Buzz Kulik ait vraiment voulu insufler cette idée. Quoiqu'il en soit, le film n'est pas entièrement réussi selon moi, la faute à un manque de rythme essentiellement, sinon, le cast est excellent, les 2 vedettes Jim Brown et Gene Hackman étant entourées par un bataillon de seconds rôles à gueules. Il est amusant de constater que Hackman qui n'était pas encore vedette (il s'était révélé dans Bonnie and Clyde et n'éclatera vraiment qu'en 1972 avec French Connection), est censé être le chef de l'émeute et de l'évasion, mais qu'il se fait voler la vedette par Jim Brown alors plus en vogue en 1969, ex-champion de football américain et star de la blaxploitation, qui affiche ici un charisme étonnant. Ce film est peu connu, il mérite qu'on lui donne une chance.