Brillantissime dans ce qu’il a à dire et comment il le montre: Just Philippot propose une héroïne qui se place en martyr pour faire prospérer son économie par le biais de vampiriques sauterelles. Là où il est un peu compliqué de passer un agréable moment tant il minimise ses effets, La Nuée libère tout son potentiel horrifique et spectaculaire dans un climax démentiel. Par ailleurs, La Nuée arrive avec brio à présenter des scènes de drame que tout un chacun connaît, les disputes entre parents et enfants, cet intime malaise dans les relations, un travail très pointilleux de la part du réalisateur qui sait parfaitement capter une réalité universelle et profonde.
Pour le reste, c’est très film français, le rythme est plutôt lent et le cheminement assez timide, rien d’extraordinaire. Plutôt vraisemblable et naturaliste. Seulement voilà, le film sait quand même être généreux et va dans la surenchère crescendo. Structure attendue mais déjoué par un retour à la case départ astucieux. Convoquant par ailleurs le body-horror à plusieurs reprises, difficile à regarder tant les macros sur la chair mutilée sont aussi vicieux que vomitifs. Le tout est enrobé par une intrigue compliquée entre une mère et ses enfants délaissés pour le travail laborieux que demande l’élevage de sauterelles. Souvent compliqué à apprécier tant tout est pessimiste, il n’en demeure pas moins une expérience saisissante et puissamment intelligente. Un grand film.