La réouverture des cinémas en ce début d'été a été marquée par deux choses : l'absence de blockbusters et la montée en puissance du cinéma de genre français. "Le Dernier Voyage", "Méandre", "Teddy" et surtout le film qui va nous intéresser ici, "La Nuée", ont été plusieurs essais, plus ou moins réussis, mais ayant eu pour constante d'être des propositions intéressantes de cinéma. Et si ces films sont loin de bénéficier de budget à la juste valeur de leur postulat de départ, le film de Just Philippot exploite au mieux ses moyens et se révèle vite être un film ultra-efficace maniant à merveille le crescendo dans l'horreur.
Alors, disons-le tout de suite, il ne s'agit pas d'un film coup de poing en ce sens que la réalisation reste très classique. Là où le film se démarque, c'est dans la gestion de son unité de lieu, symbole d'une réussite économique effroyable qui voit une éleveuse de sauterelles agrandir drastiquement ses installations après avoir découvert que lesdites bestioles grandissent et se multiplient après s'être abreuvées de sang. Du son constant émis par les sauterelles aux inquiétantes tentes renfermant un terrible secret jusqu'à ces nuages d'insectes meurtriers,"La Nuée" est un terrifiant portrait d'une campagne qui voit littéralement ses occupants se saigner à blanc pour survivre (d'où quelques saillies de body-horror tout à fait glaçantes).
Le quatuor d'acteurs principaux est dirigé d'une main de maître et voit quelques talents inconnus émergés (Marie Narbonne interprète la fille de la famille et se révèle une véritable surprise). Pas ridicule pour un sou (c'était le risque avec une histoire d'insectes buveurs de sang), le film de Philippot est un thriller horrifique agricole qui prouve que le cinéma de genre français peut tout à fait se marier au code d'un cinéma plus classique. En ressort un film hybride, prenant du début à la fin, qui manie aussi bien le drame social que le film d'épouvante et dont le final, haletant et brutal, marque la rétine du spectateur longtemps après sa sortie de salle.