Ce film a été réalisé par Jacques Rouffio en 1982 sur une proposition de Romy Schneider qui venait de lire le livre (ou qui l'avait lu).
C'est aussi le dernier film de Romy Schneider qui meurt un mois après la sortie du film.
L'esprit du film respecte absolument celui du roman. Mais le scénario du film diffère du roman.
D'abord, l'idée de projeter le petit Max 50 ans après et mettre un point final à une histoire sordide est excellente car prolonge le personnage du roman. Et puis l'idée de la femme de Max, adulte, qui ressemble à Elsa Wiener, qu'il idolâtrait, jeune, est dans ces conditions, probable ou possible. Là aussi, on est dans la logique du roman.
Par contre, le sort de Elsa et Michel Wiener est différent dans le scénario du film et le roman. Jacques Rouffio en a fait un couple martyr, fusillé par des allemands infiltrés à Paris en 1934 ou 1935, alors que dans le livre, Elsa, bourrelée de remords et prématurément vieillie, se suicide. Est-ce l'époque, les années 80, qui voulait mettre en exergue la réalité d'une Résistance allemande au nazisme dès les années 30 ? Je pense que la modification faite dans le film n'apporte rien ; le bandeau final dans le film laisse entendre une certaine réalité historique alors qu'il n'en est rien. Kessel avait construit une œuvre de fiction basée sur l'histoire d'une danseuse russe.
A ce point près qui rend le film bien plus positif que le roman qui est pessimiste comme l'époque pouvait l'être avec l'avènement du nazisme en Europe et les réfugiés devenus apatrides et sans espoir, le film est redoutablement efficace.
Du côté des acteurs, Romy Schneider compose une émouvante Elsa Wiener. Michel Piccoli avait le délicat rôle d'être le futur du petit Max, infirme, témoin d’événements dramatiques que ce soit en Allemagne ou en France, malheureux du sort réservé à Elsa Wiener. Ayant relu le roman juste avant de visionner le film, je suis bluffé par la justesse du caractère qu'il développe dans le film et qui correspond bien à l'évolution possible du petit Max d'avant-guerre : secret, taiseux, observateur, assoiffé d'apprendre et de découvrir tous azimuts.
Un très bon film, vraiment.

JeanG55
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le 20 juil. 2020

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JeanG55

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