Je n'ai pas de sentiments, et même si j'en ai un jour, ils ne triompheront pas de mon intelligence.

On ne fait pas un film avec seulement un sujet dérangeant et des scènes ralenties.

Il y a, dans La Pianiste, trop d'erreurs dans l'interprétation des tumultes et de la violence psychique d'Erika.

Une sexualité déviante montrée comme un mal et le résultat d'une situation familiale malsaine, plutôt que comme l'aboutissement d'une vie désolée, peu ouverte à l'autre et se contentant de l'art comme d'une notion rigide et élitiste.

Un viol morbide orchestré par un personnage insupportable, vu comme la punition méritée d'une bourgeoise caricaturale, stricte et névrosée, au lieu d'être montré comme l'achèvement psychologique d'Erika par Walter et le pouvoir qu'elle lui a donné sur son corps et qu'il utilise - si mal.

Rien dans le synopsis n'est juste ; en quoi cette relation est-elle sadomasochiste, en quoi est-ce une relation ? Il ne s'est agi à mes yeux que d'un crime envers une personne ayant avoué ses faiblesses à la personne qu'elle aimait. Le message du film en retombe instantanément malgré un choix d’œuvres pianistiques parfait et un univers musical élégamment présenté.

La construction toutefois brillante du film et le jeu parfait d'Isabelle Huppert ont relevé mon ressenti général. Pour une histoire d'émotion, un malaise permanent dans cette parodie de film art et essai, ma critique restera très négative. Il y aurait eu un intérêt particulier à prendre le contre pied de cette froideur clinique et rendre beau l'un ou l'autre, Erika ou Walter, dans sa personnalité, ses actions. A la place, un gâchis.
Marianne_Morin
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le 20 nov. 2014

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