Bon mais déconcertant

Mme Ulrika Kohüt, brillante pianiste concertiste (Mme Isabelle Huppert), désire régner sans partage sur son domaine artistique à Vienne, et s’avère prête à tout pour évincer d’éventuelles concurrentes. Dans le cadre de son intimité, c’est tout autre chose, puisque le désordre semble y régner. Célibataire vivant chez une mère rude et possessive (Annie Girardot), elle ne s’empêche pas de fantasmer et de commettre certains écarts. Elle s’avère ainsi tentée par le masochisme, se mutilant avec plaisir avant le dîner ou contraignant un jeune collègue pianiste (M. Benoît Magimel) à assouvir ses désirs de souffrance sexuelle, alors qu’il la vénère artistiquement, tombe malgré tout amoureux d’elle, tout en gardant certaines distances nécessaires.
Ce film a constitué un coup de tonnerre à la fin du printemps de 2001, au point de rafler le Prix spécial du jury et les deux récompenses d’interprétation pour les deux acteurs principaux, au festival de Cannes. Il est assez bien conçu et mené savamment par ses interprètes. S’il reste bon, il perd, lors de l’adaptation de l’humour du roman originel, que j’ai lu après avoir vu le film. Cela constitua l’une des réserves de la critique de l’époque. L’ensemble devient ainsi assez déconcertant, par le recul pris pour un tel sujet.