La Planète des singes par Hugo Harnois
Seul face à l'infiniment grand. L'espace comme unique décor à contempler. Face à un tel panorama, l'homme ne peut qu'avoir conscience de sa totale futilité. Georges Taylor, colonel de l'engin spatial Icare, l'a parfaitement assimilé. Quand il s'écrase par mégarde sur une planète inconnue, il s'aperçoit vite que ce ne sont pas des hommes qui la gouvernent, mais des singes.
Oubliez la version ratée et trop spectaculaire de Tim Burton pour vous plonger dans cette formidable aventure humaine, se posant comme une base solide dans le genre de la science-fiction. L'homme y est perçu comme une bête et la mise en scène de Schaffner, brillant cinéaste hollywoodien (Patton, Papillon), ne fait que le confirmer. En débarquant sur cette terre inhospitalière, les trois astronautes se retrouvent vite nu, sans statut et donc, à l'état primitif. Les mouvements de caméra brusques et hasardeux trahissent l'impression que doivent avoir ces hommes : la perte totale de repère.
Dans la formidable première scène où l'on voit ces singes, ces derniers apparaissent sur un cheval, parfait symbole d'êtres civilisés sachant apprivoiser les animaux. Avec une musique psychédélique et proche de la folie signée Goldsmith (Rambo, Gremlins), cette chasse à l'homme nous fait froid dans le dos car elle inverse totalement les théories que nous connaissons de l'évolution. Les singes détestent la race humaine et ont installé un système répressif plaçant leur espèce comme la plus supérieure de toutes. Se servant de la religion et de livres sacrés pour prouver leurs actions, les scénaristes font de fascinants parallèles avec notre propre société pour dénoncer l'hypocrisie, le racisme ainsi que le caractère auto-destructif lié à la nature humaine.
Avec l'une des fins les plus cultes du septième art, La Planète des Singes signe l'épilogue le plus intelligent qui soit, fondamentalement pessimiste mais pertinent. « Je vous maudis tous » prononce Charlton Heston pour ses dernières paroles. Alors qu'il espérait en rentrant chez lui voir l'humain moins orgueilleux, sa déception est sans nom. L'humanité, responsable de sa propre perte, a fait le sujet d'innombrables films brillants et inscrits dans le patrimoine du cinéma (Alien, Blade Runner, Brazil). Mais à part des exceptions nommées Neil Blomkamp (District 9) ou Abrams (Star Trek), qu'en est-il de la science-fiction aujourd'hui ?
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