You got what you wanted, tiger. How does that taste?

La Planète des singes est un film génial pour des tas de raisons mais dégraissons le mammouth au préalable, tout n'est pas parfait.


Sur la forme, la réalisation a indéniablement vieilli, avec une tendance à tourner au vinaigre plutôt qu'à se bonifier. La scène du crash avec ses roulés boulés de caméra est à ce niveau risible, les scènes d'actions ne sont pas très percutantes (Les prises de vues plus lentes, lors de la traversée de la zone interdite notamment ont gardé toute leur force). La musique également, expérimentant ce que permettent les balbutiements de l'électronique dérange plus qu’elle n’arrange, les passages orchestrés plus sagement sont plus agréables.


Sur le fond, j’ai pu lire ici et là les sempiternels reproches faits aux films de SF grands publics. L’absence de barrière de la langue est mise au pinacle à ce niveau. Reproche compréhensible mais au final spécieux, La Planète des singes relevant plus de la fable que du registre de la SF pure et dure. Également, la sauvageonne, inutile au possible…


Mais…


La Planète des singes est un film qui reste génial de par les thématiques abordées, ce retournement de situation dérangeant où l’homme est la bête, qu’on peut chasser, lobotomiser, dresser sans remords. Cette scénette de gorilles posant fiers comme Artaban pour une photo avec leur gibier sous la botte est en tous points parfaite en ce sens.


La Planète des singes est un film génial pour le personnage incarné par Charlton Heston, géant parmi les géants. D’un cynisme rare, désabusé, plein de colère et hargne, son échange avec ses camarades astronautes sur leurs motivations quant à leur enrôlement pour ce voyage sans retour reste savoureux, son monologue d’ouverture, en miroir avec le fameux final, fiche des frissons.


La Planète des singes est un film génial grâce à son ambiance, désespérante au possible. Il n’y a pas d’échappatoire, le vaisseau a coulé. Quelle vie, quelle survie possible ? Et puis, quoique les angoisses de la guerre froide soient derrière nous (et encore…), on replonge le temps d’un plan final dans cette peur sourde.


La Planète des singes est un film génial. Un classique à consommer sans modération. Ses suites poursuivront la réflexion globale sur le devenir d’une civilisation, sans jamais atteindre cependant la puissance dramaturgique de cet opus fondateur.

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le 6 sept. 2012

Modifiée

le 6 sept. 2012

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Hypérion

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