"La Planète des singes", adapté du livre de Pierre Boulle est un de ces films qu'il faut absolument voir, chef d'œuvre de la science fiction made in années 60, on ne distingue aucun point mort à la narration et on y trouve des acteurs convaincants et convaincus de leurs personnages ainsi que des singes crédibles, tant et si bien qu'on se prend à croire à un tel scénario catastrophe.

En effet, le premier point positif du film c'est son universalité à travers le temps et les cultures. On ne peut pas comparer la société des années 60 à celle des années 2000 et pourtant, malgré un changement de mœurs et de connaissances, le film est toujours aussi poignant. Et ce ne sont pas les singes numériques du prequel de cette année qui y changeront quelque chose. Bien au contraire. On se prend à apprécier le maquillage des acteurs qui rentrent réellement dans la peau des singes en les humanisant volontairement en vue de la comparaison avec l'Homme.

Car, qui ne voit pas l'assimilation de la société simiesque du film à la société Humaine contemporaine ? La découverte que l'Humain peut apprendre et est intelligent, qu'il est doté d'une âme peut représenter un nombre incalculable d'évènements historiques : de la découverte que la Terre est ronde réfutée par l'Église à la ségrégation des noirs ou bien des homosexuels avec pour prétexte la différence vis-à-vis de la norme imposée par la Société, l'auteur veut mettre en avant tous nos défauts.

La révolte du héros, déjà conscient au début du film et blasé de sa condition d'Humain, des défauts de notre espèce, est d'autant plus intéressante qu'il est conscient que les rôles sont inversés, que ce qu'il a toujours considéré comme inférieur est le maître dominant de la planète sur laquelle il échoue. Il refuse de voir la vérité en face et croit dur comme fer qu'il y a eu dysfonctionnement du vaisseau sensé les ramener sur Terre. D'ailleurs, le spectateur prend son partie et ne sait plus où il en est non plus. Il cherche une solution qui n'existe pas. Il veut la trouver. Il en a besoin. Et pour commencer, on attend que le héros fuit ses agresseurs, qu'il essaye de convaincre... sans résultat.

Le twist final, devenu culte, mais qu'on évitera de dévoiler tout de même donne au film une dimension mythique tant il est en contradiction avec la quasi totalité des films du même genre ou plus généralement hollywoodiens : on laisse libre cours à l'imagination du spectateur et on en tire le meilleur parti, pour le scotcher dans un dernier plan sublime. Le film reste en tête et donne à réfléchir sur la condition humaine bien plus qu'il n'y parait de prime abord.

Il existe de nombreuses suites, un prequel, une série et même un reboot à ce film qui se suffisait à lui-même et qui ne méritait pas de créer une franchise commercial ayant pour seul but de remplir un peu plus les caisses des majors. On fera donc abstraction du reste et on se contentera de laisser l'imagination continuer l'histoire d'un Homme seul contre tous.
Carlit0
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le 13 sept. 2011

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