J'attendais ce troisième volet avec une impatience non dissimulée après la claque monumentale que je me suis prise sur le précédent volet "Dawn of the planet of the apes". Oui, je refuse le titre francisé ! Et ma patience a été largement récompensé.


Après avoir engagé (malgré lui) une guerre contre les hommes, nous retrouvons César attaqué par une guérilla dirigé par le Colonel, déterminé à éradiquer les singes. Il devra alors assurer la survie de son peuple, et de l'humanité.


Par quoi commencer ? Tant tous les superlatifs pourraient être utilisés. La réalisation est impeccable, maitrisé de bout en bout, donnant un second rôle à part entière à la nature, la forêt, les rivières, la mer, les montagnes ... Ces plans magnifiques de César et ses alliés sur la plages m'ont laissé en totale admiration. Le plan d'introduction faisant un rappel des épisodes précédents, on nous remet dans le contexte plus complexe qu'il n'y parait du conflit entre hommes et singes. Les couleurs sont magnifiques, alternant le gris/noir de la nuit avec les couleurs plus chaudes du soleil levant et des forêts traversées par nos héros, le blanc avec les passages enneigés : une véritable ode à la nature, avec un message fort de respect de la "planète" sur laquelle nous sommes, et que nous devons protéger.


Les scènes d'action sont splendides, lisibles, rendu plus percutantes si on le remet dans le contexte du film et de l'impact que cela va créer pour la suite des évènement. Divertissant et intelligent, de bout en bout. La guerre n'est pas celle que l'on attend et cela pourrait décevoir les spectateurs qui s'attendent à des batailles épiques. La guerre est plus insidieuse, plus nuancée qu'un simple conflit armé, et ce qui fait la force et l'impact de ce film.


Un grand bravo à Andy Sirkis qui reprend le rôle de César, qui je trouve, donne un côté encore plus "humain" à César, le faisant passer d'un chef, d'un dirigeant philanthrope et reconnu par les siens à un véritable être humain, doté donc de sentiments humains. La frontière entre l'homme et le singe, même entre l'homme et l'animal, n'a jamais été aussi fine que depuis les premiers volets des années 1970. César est surprenant de réalisme, tant dans l'esthétique que dans l'interprétation. Sirkis a fait un travail remarquable, faisant de ce singe "cobaye" du premier épisode à un personnage attachant, sensible, et surtout terriblement humain, revenant à des valeurs plus fondamentales : aimer sa famille, protéger les siens, créer une Histoire, des valeurs et des règles communes à chacun, et surtout respecter chaque espèce, qu'ils soient singes, hommes, animaux. Un société utopiste parfaite, solidaire, respectueuse, très loin de notre société humaine (actuelle), mais qui a ses faiblesses, avec notamment les évènements du précédent épisode et de cette guerre initié par Koba. Rien n'est parfait et même la recherche de cette perfection n'est pas réalisable. César le sait, et il fera tout pour défendre corps et âme son peuple, ses valeurs et ses convictions.
César est un véritable meneur, un véritable héros, celui qui prend les décisions et qui les fait avancer, même si dans cette épisode, cela part plus de son vécu.


La musique est un véritable régal, reprenant les percussions tribales des premiers épisodes et les instrumentations plus épiques pour donner une ampleur supplémentaire au film.


C'est aussi une saga "blockbuster" intelligente, créative, qui fait écho à notre Histoire pour faire passer ses messages. Sans spoiler, et pour ceux qui l'ont vu, on remarquera une référence faite à certains régimes totalitaires, à la folie de son "chef" incarné par le Colonel (qui rappelle les histoires les plus sombres de certaines juntes ou dictatures militaires), la volonté de survie de l'espèce dominante, la gestion du conflit armé (initié par Koba dans l'opus précédent) et pacifiste (celle de César depuis le premier volet de la sage), la révolte, et encore bien d'autres choses qui troublent notre rapport à l'humanité, ce qu'elle doit être, ce qu'elle pourrait être.


Et que dire de cette fin... je ne m'attendais pas vraiment à un final pareil mais sa conclusion est aussi intelligente que maitrisée.


Je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler mais certains (et certaines) n'ont pas pu retenir leurs larmes devant la portée et la beauté du message laissé


. C'est ce que je reprochais au dernier épisode de la première saga : elle ne donnait pas de fin concrète au film, et s'il y en avait une, elle n'aurait pas pu en donner une aussi claire et abouti que ce "war of the planet of the apes", car elle aurait appelé malgré elle un épisode supplémentaire.


Si je devais faire quelques reproches, je dirais certains passages plus poussifs, qui freinent l'élan du film selon moi, et certains personnages, notamment celui de "méchant singe", comique relief à 100%, mais qui aura son utilité pour la fin et qui préparera à sa magnifique conclusion.


Ce troisième volet conclue une saga qui pour moi fait partie des meilleurs "reboots" du cinéma, arrivant à recréer une histoire plus actuelle, plus forte et surtout plus humaine que celle des années 70. Ne disposant des mêmes moyens techniques, budgétaires et cinématographiques de l'époque, les différents réalisateurs de ces trois épisodes, et notamment Matt Reeves pour les deux derniers épisodes, il a fait de César un héros, un chef, un patriarche, un allié, un opposant, un Homme.


J'attends avec impatience la sortie du coffret regroupant les trois épisodes et qui trônera sans aucun doute dans ma vidéothèque.


A toi César, qui a laissé ta vie pour ton peuple, repose en paix.

Julien_Da_Rocha
9
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le 8 août 2017

Critique lue 268 fois

Julien Da Rocha

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