Tu seras Victor Hugo

Commençons bien l'année avec ce film français. Eric Barbier, pas vraiment de fleurs à son fusil de cinéaste, honnête réalisateur du Brasier et du Serpent, essentiellement, s'attaque ici à du lourd. Pour être tout à fait honnête, j'ai lu en son temps La Promesse de l'Aube, j'en garde le souvenir d'une lecture passionnée et passionnante, mais désormais lointaine. Je suis donc comme neuve à la découverte de ce bouillonnant récit lorsque je passe la porte de la salle 12.
D'emblée, je rentre dans la toile et m'y glisse avec plaisir. Je vais me laisser guider tout au long de ces 2 heures 11 par le narrateur, l'auteur lui-même, qui nous explose en pleine face dès la dixième minute la figure tonitruante, omniprésente, omnipotente et fantasmagorique de l'amour de sa vie, dans tout ce qu'il a d'étouffant et d'inéluctable, sa mère.
Dès lors, on est transporté dans les rebondissements de cette passion faite d'extravagance et de tendresse, de folie et de raison, et qui se résume en trois mots : don de soi. Don d'une mère pour son unique fils et son fils unique, don de ce fils pour sa mère à qui il voudra tout offrir, tout réaliser des rêves qu'elle avait pour lui.
Cette mère, elle est littéralement incarnée par une actrice qui devient ici pour moi une formidable actrice, qui se révèle et se métamorphose pour ce rôle exceptionnel. Charlotte Gainsbourg, frêle petite chose qu'on a envie de protéger, se découvre en monstre d'amour attachant et exaspérant, touchant et détestable.C'est réellement une révélation.
Pierre Niney, en excellent caméléon, réussit à nouveau un belle performance dans ce rôle difficile. Ce n'était pas gagné d'avance.
De jolis clins d'oeil (Darroussin, Didier Bourdon) viennent nous réjouir encore un peu plus dans les seconds rôles.
Bref, une excellente surprise pour démarrer l'année.