Je conserve une tendresse toute particulière pour les films familiaux, parce que ce sont eux qui ouvrent les portes aux enfants vers des univers magiques, drôles et impressionnants, qui construisent leur imaginaire, qui rassemblent les proches autour d'un souvenir commun, d'une émotion partagée.
Certes, certains y restent bloqués et deviennent figés dans une époque pendant que le monde continue d'avancer sans eux et d'autres refusent d'accepter le fait de s'y être jamais aventurés et d'en avoir tiré du plaisir, fermant chacun une porte émotionnelle différente, mais c'est un autre débat.
Ce qui m'a attiré dans "La Prophétie de l'Horloge", c'est avant tout son casting, plus que son histoire, dont je n'avais rien lu avant cette séance.
Avec le combo Jack Black et Cate Blanchett, à défaut d'une expérience transcendante, j'en espérais une expérience divertissante, au moins plaisante.
Je n'en attendais rien et je fus pourtant assez déçue.
J'ai eu l'impression d'un film très incomplet, aussi bien dans son ton que sa structure, et même d'un point de vue artistique global. Tout à l'air faux, un peu cheap, et il y a vraiment une sensation assez "enfantine" dans le design et les décors. On sent le film qui s'adresse plus aux enfants qu'à un public familial, et qui ne pense pas que les enfants méritent autant de soin que les adultes dans leur production, ce qui est assez insultant.
Pourtant, les thèmes abordés sont assez graves. On parle tout de même de la mort, de nécromancie, de fin du monde... Des sujets lourds en soi, mais traité à une échelle bien trop réduite, puisque toute l'action ou presque est concentrée dans une seule maison, et qui ne prennent pas le temps d'être développés de manière appropriée de toute façon.
Les sujets s'amoncellent les uns sur les autres, puisqu'on parle du deuil sous plusieurs aspects, des liens familiaux (qui s'étendent parfois au-delà du sang), des traumatismes, du désir d'être accepté, de la trahison, de regarder au-delà des apparences, de conserver notre personnalité, du poids du pouvoir...
On a l'impression que ce film veut tellement parler de tout qu'il ne finit par ne plus parler de rien.
C'est pourquoi on ne retient pas grand chose au final de "La Prophétie de l'Horloge". Trop de thèmes tuent les thèmes, et bien qu'il y ait peu de personnages on a l'impression d'en apprendre très peu sur eux. Le fait qu'ils ne sont pas très originaux n'aident pas à s'y accrocher non plus. Le film ne parvient pas à trouver un ton non plus, car trop léger malgré une ambiance qui se veut assez lourde, un humour bas-du-front qui ne permet pas de prendre le film au sérieux, des motivations somme toute très classique et donc peu intéressante du côté des méchants, et pas de répercussions ou très peu pour les actions souvent stupides du trio de gentils.
Le manque d'inspiration de la réalisation n'aide pas non plus à se plonger pleinement dans cet univers, assez fade visuellement. "L'apprentie Sorcière" de Disney crée une ambiance bien plus magique avec beaucoup moins d'esbrouffe visuelle, qui n'apporte pas grand chose dans ce métrage de 2018.
On passera aussi sur l'aspect narratif, plat et sans surprises dans les événements qui s'enchaînent sans aucune passion.
"La Prophétie de l'Horloge" ne sera donc très probablement pas cette magnifique porte d'entrée qui réveillera des souvenirs émus et nostalgiques aux enfants qui deviendront adultes et qui n'y retourneront donc pas avec bonheur, la faute à vouloir absolument caser tous les aspects des films familiaux sans vouloir prendre la peine de les traiter proprement. Un beau gâchis, dommage.