Wake Me Up Before You Go-Go

Cinq années après avoir digéré Johnny Depp sauce barbecue, le cauchemar chapeauté des années new wave, Fred Krueger, revient hanter son ancienne demeure, occupée par une nouvelle famille américaine banale : un père réac' lisant le Wall Street Journal, une mère au foyer ancrée dans la tradition familiale et deux enfants à la chevelure blonde. Cette fois-ci, Freddy ne vise pas seulement à terroriser par le monde parallèle de Morphée, il exerce ici son aspect de manipulateur afin de fragiliser l'adolescent en pleine crise d'identité, Jesse, et d'assouvir sa soif de vengeance.

Tout comme le premier long métrage, les troubles du sommeil engloutissent le bon sens de Jesse, confondant le réel et l'imaginaire, allant même jusqu'à la perte de ses repères sexuels. Car si "la revanche de Freddy" appuie toujours sur l'horreur, dépeinte par l'atroce chaleur et les visions déformées de la réalité, on relève un second niveau de lecture, connoté volontairement gay friendly. Variant du plus subtil (les scènes dans les vestiaires) au grotesque (le bar SM, le professeur de sport, nu, fouetté par des serviettes), il ne manquait plus qu'une chanson du groupe Wham! durant la scène de rangement de chambre pour changer subitement de bord. Néanmoins, ce deuxième opus des aventures de Freddy propose une parenthèse quelque peu originale par rapport aux épisodes suivants.
Ici, Freddy s'efface quasiment du film, sans pour autant soustraire sa légende terrifiante. Bien que les plans obscurs procurent seulement l'indifférence (même les lampes brisées éclairent une pièce), l'atmosphère nocturne est lourde, l'air irrespirable, la moiteur dégoulinante de toutes les pores de la peau. Une rêverie trop humide ?

Par ailleurs, l'inversion des rôles "damoiselle en détresse/héros couillu à la rescousse" procure une certaine crédibilité au rôle de Lisa, la petite amie et soutien moral de Jesse. Son taux élevé de testostérone la dresse contre Freddy, osant lui asséner des coups dans la figure, luttant sans cesse contre son influence malfaisante. Quant aux effets spéciaux, gageons que la cire en fusion et les perruches démoniaques ne provoquent pas autant l'hilarité que le faux sang des films d'horreur actuels, reconstitué par ordinateur.

Toujours est-il que ce deuxième volet de la saga de Freddy, malgré ses lourdeurs de scénario et la coupe de cheveux du protagoniste, assèche notre désir de s'assoupir confortablement dans son lit après une journée éreintante. Mieux vaut ranger ses cartons pour tuer le temps.