Tapis dans les ombres de leur manoir, les Amberson assistent sans l'assumer au déclin de leur condition de nobles. Ainsi ce bourgeois de Eugene Morgan(Joseph Cotten, efficace) agace le petit prince, George Amberson, en rôdant autour de sa mère. Vous voyez, le gus a tout du bourgeois industriel: il batifole à inventer des nouveaux gadgets, comme l'automobile, cette drôle d'aberration moderne.


Du déclin de la noblesse, Welles se propose le sculpteur à travers ce drame familial aux accents tragiques. Ce drame est filmé avec une maestria certes contenue, mais toujours exploitée avec justesse, notamment dans la peinture de ses personnages. Quand il faut illustrer le rapport entre Georges, sa mère Isabelle, et Eugene, quoi de mieux qu'un clair obscur fascinant sur le pas de la fastueuse demeure des Amberson. De même, la noirceur qu'entretient la mère chez le fils fait froid dans le dos quand elle transparaît dans un gros plan fixe et long.


La puissance de la mise en scène ne serait qu'un artifice si la direction d'acteurs ne suivait pas; d'autant plus qu'il s'agit là d'un drame tragique, qui lorgne même sur la psychologie.
Orson Welles déploie un cinéma à envergure humaine, historique et sociale, servi par une science de l'image pleinement maîtrisée. Ne reste qu'un scénario insuffisamment dense et au final peu ambitieux.

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le 26 juin 2016

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