Un naufrage dont on ne saura rien, qui conduit un homme dont on ne saura rien non plus, sur une île uniquement peuplée par des crabes curieux. A première vu La Tortue Rouge revisite le mythe de Robinson Crusoé. En réalité tout ça n'est qu'un décor, car contrairement au roman de Daniel Defoe ce n'est pas le survivalisme ou la question de la solitude qui sont au centre du récit.
La Tortue Rouge c'est l'histoire d'une rencontre entre ce naufragé et … une tortue rouge. Bah ouais logique. Une histoire d'incompréhension mutuelle, qui se transforme métaphoriquement en une complicité étonnante.
La notion de temps est également essentielle. Si elle apparait flou pendant tout le film, car on ne comprend pas très bien s'il se passe plusieurs jours ou plusieurs années, elle prend tout son sens à la scène finale. Et c'est aussi là que le symbole de la tortue prend aussi tout son sens. Ce curieux animal qui peut vivre jusqu'à 150 ans, témoin du temps qui passe sans que celui-ci ne l'affecte beaucoup.
Un conte philosophique et poétique d'une grande sensibilité qui souffre d'un manque de rythme, compensé par la beauté graphique du style de Michael Dudok de Wit. Un film apaisant qui nécessite un certain effort pour se laisser embarquer dans sa sérénité. Paradoxal, mais une fois qu'on y est on se sent profondément calme, avec des envies de plages désertes. Putain j'ai pas envie d'aller au boulot demain.