J'ai trouvé ce film profond, bien plus profond que je ne l'attendais. Si je n'ai pas encore mis le doigt sur tout ce qu'ont voulu induire (ou pas) les scénaristes par certaines scènes, cette quiétude omniprésente, laisse la place à vos réflexions et vous remet au cœur d'une nature qui parfois, comme le film nous le rappel, peut être très calme, très crue,violente parfois, mais jamais vide, jamais injuste. La nature sait respirer, comme une tortue sait être en apnée.


Le film s'ouvre dans le tumulte. Les vagues se déchainent comme jamais dans un film d'animation, et on comprend en trente secondes, si on ne s'en doutait pas, qu'on à faire à quelque chose d'assez inédit visuellement. La patte d'Isao Takahata n'est pas très loin. Et si d'habitude quand on parle de nature et des studios Ghibli on pense au fourmillement des détails, au foisonnement des formes et des couleurs, ici la nature ne s'exprime qu'en trois tons mais on prend la même baffe : C'est beau, c'est beau parce que c'est classe.


Musicalement, c'est discret, ça fait le boulot, mais damn, il y a quand même un bijou parmi ces compositions, un bijou qui me fait penser à un autre tellement il sont proche (que l'on trouve dans Avalon de Mamoru Oshii) et qui revient plusieurs fois quand le film en a besoin. Du coup il me prend par les sentiments et moi je gobe, rien à foutre!
Et quel tour de force, cela m'a un peu surpris, que de faire ce film quasiment muet! On attends des paroles, qui ne viennent jamais. Mais le film prouve qu'il peux s'en passer, pour toucher instinctivement l'âme du spectateur. De la vie, de la nature et des choses.


Au delà on va attaquer les thématiques que j'y ai vu! et l'explication de texte va comprendre des spoilers évidemment... Vous voilà prévenu!


Ici vous pouvez spoiler (C'est senscritique qui le dit ^^)


Du coup pour faire simple parce que c'est déjà assez compliqué, on va prendre dans l'ordre ce qui m'as marqué et je vous préviens, je vois des métaphores facilement moi ^^'


La première chose, la grande question du début du film, c'est pourquoi la tortue ne le laisse pas partir. Par trois fois, ce n'est pas un hasard, la nature à clairement un message à adresser à l'homme : Ne retourne pas pas dans le tumulte, tu as des choses plus essentielles à bâtir, à apprendre, et à accepter.
Si ce message n'est pas tout de suite clair, il le devient en chemin.
Tout d'abord, l'île lui offre tout le nécessaire de survie, mais l'homme veux quand même partir. Quelle arrogance! ( ^^ ) C'est cette arrogance que dame nature veux calmer en l'homme, et c'est par la tortue rouge qu'elle y arrivera.


Quand la tortue vient "s'offrir" à cap'tain Haddock, je crois qu'elle connais le propre de l'homme et les états d'âmes de son otage à ce moment précis. Tout est ici orchestré de toute manière. Elle sait, je le crois maintenant, qu'elle va se faire tuer. L'île offre donc tout ce qui est nécessaire à l'homme pour qu'il y vive dans la tranquillité, mais une seule chose manquait encore à l'appel, une pas SI tortue rouge.
Et c'est un bien joli présent que lui offre la nature (comme tout ce que la nature offre en faite, car n'est elle pas magique par essence cette nature ?) en échange d'un acte bien humain que celui de l'éradication d'une nature qui l'entrave. Ici le réalisateur surf sur la philosophie Ghibli et en une scène violente, triste, mais "entendable" (acceptable les anti-néologismes diront), résume bien des moments de critiques des studios japonais.


Les fans de Lost (la série) ne pourront s'empêcher de se demander si l'île est dotée de pouvoir (est-elle à l'origine de la tortue rouge, puis de sa transformation ? Tous ces rêves sont bien étranges aussi. le réalisateur à régulièrement recours à l'onirisme au sens propre pour transmettre messages, poésie, et ambiance surnaturelle, mais ne serais ce pas l'île qui amplifie dans le film ce phénomène ?)
Suis je le seul à avoir vu la carapace d'une tortue dans la forme globale de l'île ?
Tout ceci est tiré par les cheveux. Mais la magie est dans les yeux de ceux qui regardent.


La nature, l'île, ou la tortue, offre donc une famille à cette homme qui n'a plus rien. Et raccourcit drastiquement la pyramide de Maslow pour transmettre LE message du film à mon sens : Où est la place de l'homme dans cette nature. C'est LE thème du film, LE fil rouge de cette ode à la nature et à la famille (ou à l'Humain si vous préférez).


Car c'est une question essentielle, une question très contemporaine et si nous ne trouvons pas la réponse, si nous ne l'acceptons pas, le film nous rappel que la nature est AUSSI toute puissante et qu'en un rien de temps elle peux devenir dévastatrice. Et face à la Vie, et à son organisation, ses règles, seule l'acceptation inconditionnelle est la bonne réponse.


Comme quand il est temps pour l'homme d'arrêter de vouloir partir (scène du radeau) pour bâtir (métaphore bien connue), ou pour l'enfant de quitter le cocon familiale et le foyer.


Le film se situe dans un passé relativement lointain, les habits de l'homme, le quatuor dans le rêve, j'ai envie de dire la bouteille en verre, ou la gueule du dessin sur le sable peuvent nous le souffler (1700 / 1800 ? je lirais d'autres critiques, mais c'est un détails, et ce film est voulu intemporelle). Mais déjà là, avec cette bouteille à la mer, on à les prémisses d'une des catastrophes écologique de ce siècle : la pollution. En filigrane certes, mais je pense que c'est un clin d’œil à notre situation d'aujourd'hui.


Pour résumer et conclure, je tiens à soulever mon chapeau aux créateurs de cet oeuvre pour avoir fait un aussi beau film sur la place de l'homme dans la nature, c'est ce qui m'a le plus touché, et apaisé aussi. J'en sors pas transcendé, mais je n'en demande pas plus, à l'image d'un homme intègre qui prends ce que la nature lui donne. Acceptons l'irrémédiable, et respectons ce que la nature offre si généreusement (si peu soit il).


Merci


(petit lien pour la musique d'Avalon : https://www.youtube.com/watch?v=3C8s1ANMK6k
pour comparer avec la Tortue Rouge : https://play.spotify.com/track/4OFjFMIXbHq6qmobxZ6uW6 les envolées lyriques sont très proches, pour le plus grand plaisir de nos oreilles :) )

saamansei
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 1 juil. 2016

Critique lue 507 fois

3 j'aime

2 commentaires

Saäman Seï

Écrit par

Critique lue 507 fois

3
2

D'autres avis sur La Tortue rouge

La Tortue rouge
Shania_Wolf
7

Une île de poésie dans un océan de blockbusters

Extrêmement épuré, dans l’histoire, l'image comme le son, La Tortue Rouge promet une expérience apaisante, suspendue au-delà du temps. Un instant de poésie dans ce monde de brutes, mais dont les...

le 28 juin 2016

104 j'aime

3

La Tortue rouge
Feihung
5

C'est très beau mais...

A la sortie de la salle j'étais partagé, très partagé même. Le film dispose d'une direction artistique vraiment de toute beauté, l'animation est réussie, la bande son est vraiment en accord avec le...

le 5 juil. 2016

72 j'aime

6

La Tortue rouge
fyrosand
9

Seul au monde ... Enfin presque .

En coopération avec le Studio Ghibli, Michaël Dudok De Wit nous livre un superbe film d'animation métaphorique et symbolique dans lequel tout est conté avec la musique et le visuel, sans aucun...

le 29 juin 2016

70 j'aime

11

Du même critique

Gone Girl
saamansei
6

Gone story, gone heroine. Fincher en deça.

Finalement, c'est déçu et un peu chaffoin que je sors de cette séance de cinéma. Je m'attendais a beaucoup mieux faut dire. Les notes sont très bonnes, les échos encore mieux et Fincher je l'aime...

le 19 oct. 2014

12 j'aime

5

Into the Wild
saamansei
10

Chris McCandless aka Alexandre Super-Tramp °RIP°

Un film Magnifique qui tient debout grâce à de somptueuses images, et qui nous est incroyablement bien compté par une B.O. Parfaite, sublimement cousue "sur mesure" ! Une soundtrack complexe, qui...

le 21 déc. 2010

12 j'aime

1

The Walking Dead
saamansei
6

Critique de The Walking Dead par Saäman Seï

Une bonne série de zombie, on crache pas d'ssus! Pour l'instant, c'est cohérent! Alors ça fonctionne, mais en même temps, on n'as encore rien appris... Le ton "anglais" de la réalisation est de bonne...

le 2 févr. 2011

9 j'aime