Un homme échoue sur une île déserte. Et comme il n'a pas de ballon de volley pour lui tenir compagnie, il construit un radeau pour s'en aller.
★★☆☆
Encensé de tous les côtés, La Tortue Rouge n'est pourtant pas un film facile à appréhender. Il a beau débuter comme une nouvelle adaptation du mythe de Robinson Crusoe, le récit prend vite son propre chemin, suivant plutôt l'inspiration des contes marins, où le merveilleux côtoie la dure réalité. Il est préférable d'aborder le film comme un poème sur la place de l'homme dans la nature et sur l'existence elle-même. Les analogies avec les étapes de la vie d'un homme sont nombreuses. Mais tout est plus suggéré qu'évoqué. La musique omniprésente fait le boulot, mais dénote un peu par son classicisme.
Il n'y a pas de scénario à proprement parler dans La Tortue Rouge, d'ailleurs il n'y a aucun dialogue. On y suit le parcours du naufragé marqué par certains événements parfois légers ou extraordinaires, comme l'apparition de la tortue, mais à distance. Malgré la lenteur du récit, les ellipses temporelles se succèdent et il est difficile de ressentir de l'empathie pour cet inconnu tant il est désincarné. Et la fin du film arrive bien vite, sans fracas. On ne s'est pas ennuyé, mais le spectateur aura surtout eu l'impression d'avoir lu un joli livre d'images.
Très joli, même, tant il faut louer la qualité de l'animation. Les personnages (humains et animaux) semblent vivants dans leurs mouvements. Visuellement, leurs traits font "ligne claire", mélange d'estampe japonaise et de bande dessinée. Les ajouts numériques se marient parfaitement à des décors traditionnels aux textures granuleuses. Pas d’esbroufe, mais un magnifique écrin pour un récit qui demandera au spectateur de faire tout le boulot.
- Si vous avez manqué le début
Pas d'unité de temps, pas d'unité de lieu. Seulement des vagues et la mer déchaînée.