15 ans. Il aura fallu 15 ans pour que le légendaire, le mythique La Tour Montparnasse Infernale connaisse sa suite sur grand écran. 15, soit deux fois l’âge mental cumulé des personnages créés par Eric et Ramzy, rentrés au panthéon des plus grands abrutis du cinéma.


S’il y a bien une chose qu’on oublie, c’est qu’eux ont attendu autant que nous. Eux aussi ont grandi, sont passés à autre chose le temps de grands projets. Certains de ces derniers se sont concrétisés, d’autres non. Il aura toutefois toujours fallu revenir, presque par réflexe, aux gags originels. Aux pizzas quatre chaussures, à Peter McCalloway, à Marie-Joëlle.


En d’autres termes, une vie s’est déroulée depuis La Tour Montparnasse Infernale. Pour eux comme pour nous. Sauf que cette fois, Eric et Ramzy n’est plus ce duo en vogue, sortant des planches et de la télé, à caser absolument par Canal+ pour récolter les fruits d’un juteux partenariat. Cette fois, Eric et Ramzy sont seuls aux manettes de leur vaisseau. Leur klaxon fait des bruits de prouts. La transmission n’a que deux vitesses, et la direction penche vers la sortie de route. Pourtant, tout le monde s’arrache le bolide.


La lourdeur de ces vannes


On la sent dès les premières secondes de film, cette toute-puissance du duo. Elle se traduit par Eric à la réalisation. Seul, puisque le plus enclin à ce genre de rôle, déjà validé par l’expérience Platane à la télévision. Il ne touche pourtant quasiment pas à la dynamique d’un duo parfaitement équilibré. Ernest Krakenkrick (Eric) et Bachir Bouzouk (Ramzy), deux pilotes d’élite de l’armée française, perdent une sacrée quantité de neurones lors d’un test foireux de centrifugeuse.


Ces deux jeunes papas de futurs héroïques laveurs de carreaux deviennent des mollusques décérébrés, tout juste capables de respirer sans qu’on leur rappelle d’ouvrir la bouche. La voilà donc, la figure assumée de « gogols ». Ils vont devoir pourtant sauver l’aéroport d’Aurly (sic) d’une menace terroriste d’un nouveau genre… En dehors de la juridiction d’une quelconque production à gros bras, aucun poids n’est trop lourd pour les haltères d’Eric et Ramzy. S’ils veulent passer cinq minutes sur une vanne de cinq secondes, ils peuvent. Cf. « Point Commun » ou « Éperviers ». Et s’exécutent sans sourciller. Évidemment, c’est long, c’est insistant, c’en est presque gênant. Presque offensant. Sauf qu’on ne peut décemment pas s’indigner de ce qui fait la signature du duo, l’absurdité et la crétinerie.


Dans la plus pure tradition anglaise, celle de Ricky Gervais et des Monty Python, on pousse la répétition jusqu’à la gêne. Elle est palpable dans la salle. Sa morsure satirique est toujours présente. Elle diffère toutefois des collègues d’outre-Manche par la forme. Ici, ce ne sont pas les interactions qui servent de moqueries aux archétypes de pensées mais bien les débilités extrêmes des personnages, leur individualisme primaire et leurs rancœurs égocentriques. Une analyse bien trop sérieuse d’un film de prouts et de zgegs ? Si on place la lecture exclusivement sur le duo Eric & Ramzy, évidemment. Sauf que.


Et je remets des cons


Comme on le disait précédemment, Eric est aux manettes de La Tour 2 Contrôle Infernale. On peut jauger de sa patte sur deux éléments : la dynamique auto-réflexive de la parodie et le soin accordé aux personnages secondaires. Cette première, aussi efficace soit-elle, se circonscrit à quelques inscriptions premier degré et à des pastiches de procédés souvent déjà vus, à base de sous-titres absurdes et de facéties de génériques – coucou, Mais qui a tué Pamela Rose ?, entre autres.


C’est donc bien dans les personnages secondaires que La Tour… puise sa force. On y retrouve un Jack Lang pastiché à la perfection (Grégoire Oestermann), loin de sa vocation culturelle, relégué à un rôle de Ministre de l’Intérieur dont le titre fait office de nom. Sans sa vocation, il se défoule sur sa conseillère dont il sait à peine le nom (Marina Foïs). Nous non plus, par extension. Enceinte, elle sert de punching-ball pour les militaires machistes qui l’entourent. Sauf qu’elle répond, et pas qu’un peu. Notamment au général Mangedeurme (William Gay), un crétin tampon entre l’égocentrisme d’une portée de personnages qui ne s’écoutent pas et les deux bagagistes niveau maternelle.


Si on croise Jean-Peter McCalloway (Lionel Beyeke), père culturiste de la légende de la pilule protéinée, l’homme qui fait le plus d’ombre à Eric & Ramzy est évidemment le grand protagoniste, le Colonel Janouniou. Derrière ce nom en forme d’exercice orthophonique se cache Philippe Katerine. Le chanteur troque son dandysme contre des lunettes fumées dégueulasses, une grammaire déficiente et un manteau en peau de belette. Avec son gang des Moustachious, il donne bien au delà des espérances un contre-pied frais et hilarant et une vraie figure de méchant.


Alors qu'on se demandait si 15 ans de carrière allait assagir Eric & Ramzy, La Tour 2 Contrôle Infernale répond en abaissant encore le QI de son duo phare et de leurs dialogues débiles. Kraken et Bachir se heurtent toutefois à un autre genre de crétinerie, individuelle cette fois. On oserait pas d'esprit clair pousser le terme jusqu'à social. Qu'importe, les acteurs s'éclatent, tous écrits et interprétés avec cœur. Enfin, pour tous ceux qui rechercheront à tout prix les points communs avec le premier : vous allez être servis.


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le 15 janv. 2016

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