Antoine Blossier est un réalisateur de films grand public, tels que la comédie A toute épreuve (2014) et la dernière adaptation de Rémi sans famille (2018). Mais avant cela, il avait signé ce film d'horreur sorti dans l'anonymat le plus total et désormais oublié. La traque n'est pas parfait et est en partie victime de son manque de budget.
Blossier a dû faire avec les moyens du bord et cela se ressent dans les passages de pure suggestion, où les sangliers sont présents grâce à des bruitages ou des herbes hautes qui bougent. Ou alors par des plans rapides où le monteur fait tout pour ne pas trop montrer les sangliers en cgi ou en animatroniques. Même quand les sangliers attaquent, on ne voit finalement que le haut du corps de la bête (des effets plutôt réussis au passage).
En revanche, pour ce qui est du reste, La traque fonctionne pleinement. A l'heure où les pesticides sont de plus en plus considérés comme nocifs, on peut dire que Blossier et son scénariste Erich Vogel ont été visionnaire. D'autant plus que le contexte est très crédible (une entreprise est sauvée de la faillite grâce à l'utilisation de pesticides, qui au final dégradent la nature et rendent fous les animaux des alentours).
La traque devient également un terrain de chasse entre les protagonistes. Le patron de l'entreprise (François Levantal) face à son père (Fred Ulysse), son frère (Joseph Malerba) et son gendre qui en sait un peu trop (Grégoire Colin). Dès lors, un duel psychologique intéressant va se jouer entre Colin et Levantal, les deux ayant un contentieux qui dure depuis plus longtemps que l'action du film. Le final paraît d'ailleurs plus que logique, dans la tonalité d'un scandale que l'on essaye d'étouffer.
Donc si La traque n'a pas les moyens de ses ambitions (mais est-ce que Russell Mulcahy les avait sur Razorback ?), il s'avère efficace, bien joué et écrit intelligemment (la référence à Predator de John McTiernan est plutôt bien vue).