Pourquoi nous regardons ?
J'avais plutôt bien aimé les deux premiers volets de La vérité si je mens : le premier était un documentaire sur le Sentier, tandis que le deuxième se laissait voir surtout grâce à José Garcia.
Onze ans après, l'équipe originelle (Gad Elmaleh laisse sa place à Vincent Elbaz en tant que Dov, rôle qu'il avait déjà dans le premier film !), mais ça ne se passe plus dans le Sentier, mais à Aubervilliers, pour une énième arnaque, qui les mènera cette fois en Chine.
Je m'excuse d'être grossier, mais je me suis fait chier comme c'est pas permis : à part la gigantesque pompe à fric, que raconte ce film ? Justement, l'argent, l'argent, et encore l'argent, on n'entend que ça dans le film.
Avec des acteurs qui ont l'air de s'en foutre (Gilbert Melki a l'air ailleurs, c'est rare de sentir ça chez un comédien), des guest-stars de folie (Cyril Hanouna, oui madame !), et surtout, le manque de connivence entre les comédiens qui ne sent plus vraiment, alors que c'était un des points forts de la Vérité 1.
Les femmes y sont encore plus absentes que jamais, entre l'une qui veut passer ses examens (à 40 ans passés), l'autre qui sourit (Aure Atika...) et l'autre qui ne cherche qu'à se faire engrosser (quitte à s'enfiler un gri-gri dans le vagin pour qu'elle tombe enceinte), les pauvres ne sont pas gâtées.
Il y a juste Léa Drucker qui est à sauver vite fait, car elle joue une contrôleuse fiscale dont le personnage de Melki va tomber amoureux, tel un syndrome de Stockholm.
D'ailleurs, son personnage s'appelle Salomon, elle est donc juive, ça ne vous rappelle pas un célèbre film de Gérard Oury ? Mais oui, on y a droit aussi !
En cherchant bien, il y a la scène où les compères discutent de la possible stérilité du personnage de José Garcia et une phrase de ce dernier qui, en constatant qu'il a grossi, dit peser 80 kilos hors taxes, qui peuvent faire sourire, mais sinon, c'est rien du tout.
Quant à la partie chinoise, qui a vraiment été tournée en Chine, on a presque du mal à le croire, car on a soit l'impression de voir des stocks-shots de Pékin ou alors ce ne sont que des intérieurs, donc j'ai un peu de mal à comprendre la démarche.
C'est un désastre total qui, au fond, reste cohérent avec Les Bronzés 3 (28 ans après), Les 3 frères le retour (18 ans après) ou .... 18 ans après (!), toutes ces tentatives de come-back échouent lamentablement, car ils ne reposent plus que sur la nostalgie du public et le meilleur casse possible pour se faire le maximum de fric en en foutant le moins possible.
Je ne me sens pourtant pas réfractaire à la comédie française, que ce soit Les beaux gosses, les OSS 117ou encore La fille du 14 Juillet. Mais je ne comprends pas pourquoi on néglige à ce point les dialogues, la mise en scène, le rythme ? A un temps pas si lointain, on avait de brillantes comédies signées Gérard Oury ou Jean-Paul Rappeneau qui étaient des modèles, qu'on massacrait à l'époque, et qui aujourd'hui vénérées, et souvent à raison.
Un stylo ne coutant pas plus cher, La vérité si je mens(merde) 3 me fait interroger sur le devenir de la comédie française populaire ; en est-on encore capable ?