Tomber amoureux
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Avec « la vie d’Adèle », palme d’or à Cannes en 2013, je découvre tardivement Abdelatif Kechiche, un réalisateur exigeant, s’attardant sur le moindre détail, scrutant le moindre événement d’une vie ordinaire pour en faire un récit aussi flamboyant que réaliste. Son cinéma est brut, parsemé de gros plans sur des visages ou des corps qu’il scrute à la loupe, dans les repas, les jeux de séduction, les crises de larmes, le travail ou les ébats.
Ici, il suit le basculement d’une jeune élève de Première vers la passion amoureuse pour une étudiante aux Beaux Arts, mystérieuse et fascinante. Adèle Exarchopoulos transcende son rôle, s’inscrivant dans le paysage cinématographique français d’une manière aussi fracassante et évidente que Béatrice Dalle dans « 37°2 Le matin » il y a 30 ans. En face d’elle, Léa Seydoux apparaît sans fard en objet du désir et Pygmalion. Adèle brûle littéralement d’amour pour elle et découvre une autre forme de sexualité. A. Kechiche filme au plus près cette relation charnelle et entre dans leur intimité dans de très longues séquences d’étreinte d’un réalisme cru, évitant adroitement l’esthétique porno-chic et bousculant le spectateur, invité dans la chambre à coucher en voyeur malgré lui.
Mais ces scènes, qui ont forgé la réputation sulfureuse du film, s’inscrivent aussi pleinement dans sa conception, Kechiche prenant le même soin (et le même temps) pour décrire Adèle en institutrice ou dans son quotidien.
Kechiche signe là une œuvre longue ( parfois trop), littéraire, évoquant celles d’Eric Rohmer ( les jeunes gens y parlent livres, peinture, philosophie), un bel essai sur l’entrée dans l’âge adulte et les ravages d’une passion forcément destructrice.
Créée
le 11 avr. 2018
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