La Vie d'Adèle - Chapitres 1 et 2 par Fabien_Corbelin

A la lecture de la magnifique bande-dessinée de Julie Maroh : Le bleu est une couleur chaude, j'attendais avec impatience une adaptation cinématographique. Ce que je retiens c'est un film bouleversant, magnifique, mais terriblement éloigné de l'oeuvre de départ.
Le début est une étude poussée et réaliste de l'adolescence. Kechiche parvient à se mettre dans la peau de jeunes lycéens sans sombrer dans la caricature. Le réalisateur prouve ainsi que l'on peut observer l'adolescence en restant neutre, ce qu'avait tenté François Ozon quelques mois plus tôt avec Jeune et jolie, film qui, en tentant un portrait neutre de l'adolescence, sombre en vérité dans une forme de caricature où tous les personnages sont vides.
Le reste du film est une très belle représentation de l'amour, qu'il soit charnel ou profond (les scènes de sexe sont d'ailleurs trop fréquentes et trop longues). Cependant, là ou la bande-dessinée militait contre l'homophobie, le film délaisse cet aspect pour se concentrer sur l'histoire d'amour, ce qui est dommage car l'une des forces l'oeuvre de Julie Maroh résidait dans ce côté dénonciateur. De cette décision réside de très grande longueur qui gâchent un peu l'expérience. Le film aurait gagné à être plus court, en éludant quelques scènes de sexe inutiles et d'autre séquences sans grand intérêt.
Cependant, que ceux qui s'attendent à une adaptation fidèle de la bande-dessinée le sache tout de suite, le film est extrêmement différent. La première partie retranscrit de manière partielle l'oeuvre de Maroh, alors que la deuxième partie est une histoire totalement différente. Ainsi, lorsqu'un film reprenant une bande-dessinée raconte un histoire au final très différente, peut-on parler d'une bonne adaptation ? On peut donc penser que Kechiche ne s'est qu'inspiré de cette oeuvre pour créer son propre scénario.
Mais La vie d'Adèle reste un magnifique film, parfois tendre et parfois violent, bouleversant. Une expérience qui ne vous laissera pas indifférent.