Une envie d'aller au cinéma d'abord, et tant qu'à faire, autant aller voir le film dont tout le monde parle. Faire comme tout le monde c'est d'ores et déjà agaçant mais bon parfois les grands esprits se rejoignent.

Dès le début on comprend de quel genre de film il va s'agir, les premiers plans nous mettent en garde sans nous rassurer sur ce qu'on va regarder. Le premier gros plan oppressant ne reculera jamais. Tout au long du film on pourra admirer parfois les lèvres pulpeuses de la jeune Adèle mais le plus souvent on sera rebuté par ce qui sort à flot de son nez. Le réalisme à l'état pur. La réalité brute. Personnellement quand mon nez coule je me presse de l'essuyer, pas seulement par esthétisme mais au moins pour éviter que le liquide entre dans ma bouche. Tout ça pour dire qu'à mon sens, ça ressemble plutôt à une volonté de montrer ce qu'on n'ose pas souvent montrer à la caméra plutôt qu'une envie de diffuser la réalité simple. Mettre en scène ce que l'homme est capable de faire tant qu'il n'a pas les yeux d'autrui pour le freiner. Alors ça ne m'aurait même pas étonné de voir Adèle péter au lit ou même assise sur le trône.

Assis dans mon siège, je n'avais pas encore idée de qui était le réalisateur du film. Puis quand j'ai su, je me suis rappelé le film L'esquive que j'ai regardé plusieurs fois étant jeune et que j'ai bizarrement apprécié. Alors je comprends que la vie d'Adèle s'inscrit dans la même lignée. Le réalisateur est au moins cohérent avec lui même et peut s'assurer que son cinéma sera reconnaissable entre dix. Je ne sais même plus dire si simplement je n'aime pas ce genre de réalisation ou si les gens aiment faire comme s'ils adoraient ce qui paraît être complètement différent. Le cinéma c'est aussi un moyen d'esthétiser la réalité, de la sublimer ou de la rendre plus intéressante qu'elle ne l'est, le plus souvent par les dialogues . Là c'est pauvre (surtout en ce qui concerne Adèle).C'est la fille d'à côté qui aime lire mais qui ne comprend pas vraiment ce qu'elle lit, un peu naïve et en retrait: c'est facile d'apparaître plus intéressant qu'on ne l'est quand on est exposé dans tous ses états. Une grande actrice est née vous pensez? Une actrice d'un seul film je pense. J'ai eu la curiosité d'aller voir les différentes interviews du film après l'avoir regardé et je suis persuadé que si Adèle s'appelle Adèle dans le film comme dans la réalité, ce n'est pas pour rien: c'est la même. Une Adèle qui n'est d'ailleurs pas toujours crédible dans son rôle, comme lorsqu'elle endosse celui de professeur des écoles. Elle est censée avoir vieilli dans la deuxième partie du film et pourtant elle ne change en rien. Ah si c'est vrai! elle change de coiffure, d'ailleurs Emma se presse de le faire remarquer en expliquant bien qu'Adèle n'a pas changé, qu'elle reste toujours aussi jeune. Comme une façon pour le réalisateur peu convaincu de justifier le choix.

Je n'ai pas tout détesté dans le film, autrement j'aurais quitté la salle plus vite. Je l'ai trouvé un peu long parfois mais j'ai été très étonné d'apprendre que j'ai en réalité passé plus de trois heures dans mon siège. Certains dialogues philosophiques ont attiré mon oreille et j'ai compris que c'est ce qui manque cruellement au cinéma. Je me fiche pas mal de voir quelqu'un manger ses spaghettis goulûment. Parlons aussi des scènes de sexe à la limite du pornographique. Je dis ça en étant réaliste et objectif et pas en tant que petite chose traumatisée, car ça ne m'a pas choqué. Seulement, j'ai pensé qu'outre le réalisme et l'envie de montrer la vérité sexuelle telle qu'elle est, le réalisateur à dû aussi vouloir réveiller presqu'en provoquant les bien pensants. Au moins là il est facile pour les plus sceptiques de comprendre qu'effectivement deux femmes amoureuses savent très bien se passer d'un homme et autres accessoires phalliques pour se faire l'amour comme il se doit.

J'ai eu le sentiment dérangeant que ce film n'est ni plus ni moins qu'un film d'amour en plus, réaliste d'accord. Je ne vois pas en quoi prôner le réalisme du film en fait un chef d'oeuvre. J'avais juste envie que la caméra recule de la face d'Adèle, alors si l'objectif du réalisateur était de nous oppresser, il est réussi. Seulement pas assez magistralement pour affirmer qu'il a fait de la réalité une oeuvre artistique.
Kevin_Simon_Lep
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le 14 oct. 2013

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Hylas L

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