A l'aide d'Adèle

Il est étonnant, à la limite de la fascination, d'observer comment Kechiche, en ne disant pas grand chose (chose qui a tendance à m'énerver que le prosaïsme),
avec une écriture fine, proche du vécu, arrive à me faire aimer le résultat.

Avec ce film, il en dit moins qu'avec l'Esquive,
il en dit encore moins qu'avec La graine et le mulet, et pourtant... Cela marche suffisamment pour s'intéresser à l'insipide vie d'Adèle car il se trouve qu'Adèle est riche.
Elle a toute la diversité humaine en elle et a le mérite de la chercher.

Nul doute que les adolescents qui ont vu ce film en ont été bouleversés ou du moins radicalement positionnés du simple fait de son existence.
Nul doute que Kechiche y est pour beaucoup. Si les actrices ont du faire des choses qui ne leur seyaient guère, c'est histoire de confiance et cela se règle sur l'instant. Profiter d'une nomination pour pointer l'abus de consentement, c'est hypocrite et égoïste. La dignité des bourgeois. Par contre si telle ou telle équipe de tournage est abusée dans le comptage à rallonge de ses heures travaillées, dans la privation de vie privée, ce n'est certainement pas le fait de Kechiche mais d'une certaine organisation sociale et économique qui décide de faire pression sur l'expression d'un artiste.

Si l'art demande de l'abnégation et, à ce titre, cela ne doit faire des travailleurs des soldats, il est nécessaire, en revanche, que l'art demeure libre et confiant.