Un exemple d'efficacité scénaristique

La vie des autres se divise en deux parts. D'un côté on a une histoire parfaitement écrite, une utilisation des personnages et du contexte remarquable. De l'autre, un réalisation parfois un peu bancale et maladroite.

La grande force du film est d'illustrer de façon remarquable l'individualisme écrasé par le conformisme pour préserver sa vie ou ses petits plaisirs toujours au détriment des autres. Comme le scénario est très bien écrit, le rendu est à la fois simple mais efficace et complet.

Nous avons une hiérarchie qui se créé au niveau des personnages. Tout en haut se trouve le ministre qui contrôle le lieutenant colonel qui contrôle le capitaine qui contrôlera Christa pour obtenir ce que veut le ministre. Tour à tour, chacun se plie à la volonté du supérieur pour se préserver tout en rabaissant les autres. Cette construction en échelle aurait pu être basique, simple et assez commune mais c'était sans compter sur un élément perturbateur qui parvient à déjouer le système pour annuler l'effet hiérarchique. Cette originalité place le film dans une catégorie supérieure à ce qu'on aurait pu attendre, on ne va pas s'en plaindre.

Les thèmes de la subversion et de l'intégrité sont traités dans une histoire mi-générale, mi-personnelle. On n'est pas dans la fiction générale montrant à l'échelle du pays les travers politiques mais l'on ne se borne pas non plus à une personne ou un couple. Ce choix me semble très judicieux puisqu'il permet de ne pas s'enfermer dans une histoire romanesque et intime tout en illustrant concrètement les divergences du parti de la R.D.A. Evidemment, avec un tel choix, on ne peut pas exposer une liste complète des crimes et violations de liberté qu'a pu faire ce parti mais finalement, le sujet du film se concentre davantage sur la manière dont les individus cèdent à la pression du groupe majoritaire plutôt que ce qui a pu se passer durant la guerre froide dans cette région du globe. En somme, le sujet est maitrisé et bien traité.

Puis mention spéciale à Ulrich Mühe qui joue extrêmement bien. Ca faisait longtemps que je n'avais pas eu pitié pour un personnage de film.

Malgré ça, il y a énormément de faux raccords, j'en ai tellement vu que je me suis demandé si ça n'était pas un effet visuel recherché par le réalisateur. C'est bien le seul défaut que je trouve au film. Du reste, c'est pas du Scorsese mais l'image est efficace dans ce qu'elle veut faire passer, c'est l'essentiel.