Quand on regarde la production horrifique de ces dernières années, on retombe bien souvent sur des found footage (de gueule) bien peu inspirés. Et parfois, fort heureusement, on tombe sur des films du type La Colline a des yeux. Et en l’occurrence ici, elle a plutôt des burnes. Et des burnes bien charnues. Alors comme ça a déjà pu être le cas dans les quelques films que j’ai vu d’Alexandre Aja, j’ai aimé pas mal d’aspects et été gêné par d’autres. En tout premier lieu, je dirais que l’ambiance d’ensemble m’a convaincu. L’action située dans le cadre aride du désert contribue à créer une atmosphère étouffante qui, combinée à la population dégueulasse qui réside dans ces lieux, rend le tout vraiment malsain.
Ce film est aussi jouissif que stressant. L’introduction donne d’ailleurs le ton sur ce que sera le film dans toute sa durée avec ses bons points et ses aspects plus superflus. Je n’ai pas du tout aimé les quelques effets visuels à base d’accélérés que l’on retrouve sporadiquement dans le film et qui contrastent avec l’ambiance stressante. Prenons un exemple spoilant:
Quand le père est crucifié sur son arbre en flammes par exemple, la séquence aurait pu être salement dérangeante. Mais Aja introduit cette scène par un effet ultra accéléré qui s’avère plus tape-à-l’œil qu’autre chose. De ce fait la scène ne devient que graphique alors qu’elle aurait pu être tellement plus intense sans cet effet un peu beauf.
En fait on a un ensemble épatant de maîtrise qui se retrouve parasité de quelques mauvaises idées de montage par-ci par-là qui nuisent un peu à l’immersion. Mais d’un autre côté on retrouve quand même quelque chose de travaillé au niveau de l’atmosphère globale et de la tension. Le film introduit d’ailleurs ses personnages sur un rythme calme même si l’on devine toute la pourriture qui règne sur les lieux. Et ce rythme est parfois ponctué d’accès de violence sèche vraiment glaçants. Aja ose, certaines scènes sont carrément perturbantes de par leur violence. En ça, La Colline a des yeux est un film sans concessions et sans réelle prévisibilité tant la mort semble capable de frapper à tout moment. C'est un peu l'idée que je me fais du bon survival implacable d'ailleurs. Et Aja parvient très bien à dépoussiérer le genre.
Quelques passages sont vraiment tendus comme l’attaque de la caravane ou toute la séquence dans le village. Le caractère imprévisible des antagonistes et leur aspect répugnant contribuent aussi à façonner ce climat d’angoisse qui fonctionne très bien quand Aja décide de ne pas faire le kéké avec sa caméra. On ne peut toutefois pas reprocher à Aja de tenter des trucs et de faire preuve d’une certaine audace. J’ai vraiment bien aimé le film dans son ensemble malgré ses défauts, c’était généreux et dérangeant. De quoi donner envie de se programmer de petites vacances en camping-car en famille !