La terre tremble par Maqroll
Pour son deuxième film, devenu un grand classique car l’un des premiers films représentatifs du néo-réalisme italien, Luchino Visconti choisit d’exposer la vie misérable de pêcheurs dans une petite ville de Sicile. Après un timide essai de révolte, les pauvres gens sont pliés par la puissance des grossistes qui les exploitent et les affament… Premier choix discutable : il introduit une voix off (la sienne propre) qui commente tous les événements à la manière d’un documentaire. Cette voix est emphatique, ridicule, à la limite du supportable et apporte une distanciation incompréhensible par rapport au contenu. Deuxième choix tout aussi discutable : celui de faire interpréter les rôles par des acteurs amateurs, qui sont exécrables à force de vouloir faire vrai. Par ailleurs, Visconti expose déjà son défaut rédhibitoire, celui d’une lenteur exaspérante, qui affadit le propos. En fait, tout est dit en une demi heure dans ce qui aurait pu être un excellent court métrage mais qui devient ainsi un film presque creux et redondant Il est à signaler enfin qu’à la sortie du film, les communistes italiens, qui le financèrent partiellement, reprochèrent à Visconti d'avoir trop esthétisé leur contestation, reproche que je partage totalement. On l'aura compris, je n’aime pas beaucoup Visconti lorsqu'il se penche avec ses gants blancs d’aristocrate sur la misère du peuple. La terre tremble constitue une première déception chronologiquement parlant dans une œuvre très surestimée… il y en aura d’autres, hélas.