En s’en servant comme principale inspiration de son Kill Bill, Tarantino a offert à Lady Snowblood une nouvelle visibilité. Adaptation du manga Shurayuki hime (1973) de Kazuo Koike (aussi auteur de Baby Cart et Crying Freeman), ce film japonais de 1975 en est une version fidèle, contrairement au dérivé SF Princess Blade de 2001. Il suit la vengeance de Yuki Kashima (Meiko Kaji) dans le Japon de la fin du XIXe. Semant un carnage sur son chemin (il y aura une centaine de morts), la jeune femme cible les assassins de sa famille et violeurs de sa mère, qui l’a mise au monde dans une prison.


C’est un de ces films d’exploitation de grande ampleur, objectivement ‘bis’ mais pas un temps soit peu nanardesque ; vaguement foutraque d’apparence tout au plus. La construction est assez libre (avec beaucoup de flashbacks et quelques interruptions audacieuses), contribuant à une éventuelle sensation de flottement au départ. Passé l’évocation de l’initiation de Yuki, le spectacle est passionnant et touché par la grâce. La seule faute éventuelle est un faux raccord avec du sang, or les scènes de combats et de morts ont toujours été une affaire délicate dans le cinéma d’arts martiaux jusqu’à une époque tardive (1990s).


Lady Snowblood se rattache au chanbara et jouit d’une intelligence esthétique extraordinaire. La créature du titre est interprétée par Meiko Kaji, alors fraîchement révélée grâce à son rôle principal dans la saga Johsu Sasori où il est également question de vengeance féminine. Elle fournit une héroïne tout aussi impressionnante, voir même plus raffinée et attractive en tant que Blanche Neige agressive. Le film regorge de combats, entrecoupés par des scènes d’action plus explicatives, toujours riches et sans fioritures. Lady Snowblood est l’incarnation du ‘kitsch’ méritant son excellente réputation : un spectacle sauvage, jubilatoire et franchement beau.


https://zogarok.wordpress.com/2015/07/23/lady-snowblood/

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le 21 janv. 2015

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