
Il y a quelque chose d’assez cocasse à voir Morpheus, Michael Scott et Heinsenberg réunis sur une même affiche. Si le titre du film n’en dit pas long sur son contenu, les choix de distribution devraient suffire à rameuter quelques amateurs.
Des choix que l’on ne peut d’ailleurs qu’applaudir, tant les trois acteurs parviennent à complètement s’effacer pour donner vie à leurs personnages. C’est simple, mais on y croit à ce trio improbable. Liés à tout jamais par la guerre du Vietnam, séparés par le temps, les trois compères vont se retrouver à l’occasion d’un triste évènement et partir bon gré mal gré dans un road trip improvisé. L’occasion pour eux de se remémorer leurs jeunes années, entre deux engueulades.
Car malgré leur histoire commune, ces trois caractères bien trempés se révèlent diamétralement opposés, notamment sur le plan moral. Si le personnage campé par Steve Carrell se veut plus neutre et effacé, les deux autres se tireront régulièrement la bourre sans toutefois que le film n’ait la mauvaise idée de donner raison ou tort à l’un d’entre eux. Leurs points de vue se valent, et ne s’appréhendent que par une approche différente de la vérité.
Un film qui parle, au travers de ces vétérans, de l’inutilité de ces guerres livrées à l’étranger et qui dénonce les discours lobotomisés sur les fameux « héros morts pour la patrie ». Au final, que reste-t-il de toutes ces années de conflits si ce n’est des familles éplorées par la perte d’un proche et toujours plus d’ennemis à combattre ? Le mal Américain dans toute sa splendeur, ou la protection de la nation et le sacrifice sont sanctifiés au détriment de tout bon sens.
Une critique assez virulente qui aborde également des thèmes plus intimes, comme l’amitié et le temps qui passe, servie par des dialogues savoureux et une certaine authenticité, résultat de l’alchimie dégagée par ce casting trois étoiles. Le film souffre de certaines longueurs mais recèle de moments forts, poignants et d'une justesse absolue.