Maïwenn anyways

Documentaire fictif, mise en abîme pastichée, mais vrai scénarisation du réel (jusqu’où Maïwenn se l’est-elle approprié et s’en est-elle arrangé ?), Le bal des actrices se décline en plusieurs saynètes indépendantes (chaque actrice à son sketch, plus ou moins réussi) composant, dans sa généralité, un témoignage croisé souvent caricatural sur le travail d’acteur et ses névroses. Le film enfonce ainsi les portes ouvertes, s’accommode de la surface des choses, des qu’en-dira-t-on, préfère la futilité à l’acidité, les clichés à de vrais questionnements.

Inégal, bancal, long à intéresser et même à amuser, il s’anime quelque peu dans sa dernière heure (Romane Bohringer et Karole Rocher y sont pour beaucoup) et réussit dès lors à se crédibiliser, à se complexifier dans le regard qu’il porte sur quelques confidences rêvées et/ou véridiques. Le film trouve alors son ton, sa vie propre, dépasse son côté anecdotique et people en devenant plus cruel, plus jouissif et plus borderline (les engueulades entre Rocher et Christine Boisson sont un régal).

Personne n’a vraiment le beau rôle (et surtout pas Maïwenn), à part peut-être Joey Starr, très drôle et très convaincant, mâle au grand cœur égaré dans les contradictions de la féminité (et de la célébrité). Maïwenn ne filme rien d’autre qu’un poulailler fantasque dans lequel chacun(e) se révèle sous un jour pas forcément glorieux (dépression, égocentrisme, solitude, rancœur…). Elle finit en tout cas par y mettre une réelle énergie et de la sincérité, un peu plus de subtilité aussi, et malgré la critique facile, griffonnée en quatrième vitesse sur un bout de page de Gala ou de Voici, son œuvre bordélique devient, presque malgré elle, attachante et gonflée, s’appréciant au-delà de ses maladresses et de sa fausse bonne idée de départ. Pour un film de nanas, en voilà un relativement couillu.