Pour sa deuxième réalisation Maïwenn s'essaye au documenteur et signe Le bal des actrices... Prenant la forme d'un reportage improvisé ou tout est - en fin de compte - très étudié ce portrait de femmes montre de manière assez fine l'envers naturel d'un décor à priori mêlé de glamour et de superficialité : l'idée est simple mais suffisamment intéressante pour être relevée. Maïwenn convoque donc une huitaine de comédiennes de notoriété publique, demandant aussi bien à Karin Viard et Muriel Robin qu'à Julie Depardieu ou encore Marina Foïs de tenir leur propre rôle devant la caméra...
Une chose frappe au regard de cet essai cinématographique peu commun : la justesse de l'interprétation. Une sorte de cinéma-réalité surgit devant la caméra-loupe de la jeune réalisatrice, cette dernière filmant de manière pratiquement boulimique chaque figure, chaque cinégénie... à tel point que cette reconstitution prend parfois des allures de reportage moins chic que choc ! Les fioritures, visiblement absentes du métrage, prennent ici davantage la forme de tics de mise en scène que celle d'un réel emballage de surface. L'écriture vériste des dialogues et le jeu hyperréaliste de chaque actrice empêche une certaine mise à distance, nous plongeant dans l'intimité de chacune d'entre elles avec un soupçon de voyeurisme. Nous ne sommes pas loin d'un reportage sensationnaliste et racoleur, malaise heureusement atténué par la diversité des dispositifs et des thèmes abordés.
Composite et inégal Le bal des actrices se veut authentique, fort en gueule voire provocant... Maïwenn parvient à rendre son faux-documentaire très immersif et même assez amusant, dans la continuité cathartique de son premier film ( l'original et osé Pardonnez-moi ), puisqu'il s'agit avant tout d'accoucher d'émotions de toutes sortes. Le film trouve pourtant un écueil dans ses séquences musicales volontairement artificielles, tranchant radicalement avec le réalisme des différents sketchs. Forcément consciente de ce contraste et de son image Maïwenn n'hésite pas à prendre à partie toute un pan de la presse culturelle au détour d'une ou deux répliques bien senties, perdant en hauteur ce qu'elle gagne en indépendance. Un film intéressant.