Un groupe de musiciens entre en studio dans le Chicago suant de 1927. Il s’apprête à enregistrer le nouvel album de la « Mère du Blues », Ma Rainey. Mais la star se fait attendre, tout comme Levee, le trompettiste qui rêve de succès et d’indépendance.
Dans l’ombre inquiétante d’une forêt courent essoufflées deux silhouettes. Des chiens aboient au loin. Des torches enflammées jalonnent leur chemin. La Géorgie de l’époque ne laisse guère de chance aux personnes de couleur. Mais si les jeunes fuyards accélèrent la cadence, c’est pour arriver à temps au concert donné par l’artiste.
Au nord, ce petit monde se retrouve dans une pièce cloisonnée. Sous l’œil de Blancs avides de s’approprier leurs talents, les Noirs jouent, échangent et s’opposent. Discriminations, oppression, frustrations, ambitions sont évoquées dans un flux rapide et théâtral, pas toujours saisissable. Alors que Ma Rainey joue les divas pour garder un tant soit peu la mainmise sur sa voix très convoitée, Levee lui tient tête en voulant imposer ses chansons. Mais quelle autre issue pour lui qu’une porte ouverte sur une impasse ? Un duo porté par deux acteurs de choix : Viola Davis, grimée en ogresse prête à avaler tous les obstacles qui oseraient entraver sa route, mais surtout Chadwick Boseman, très amaigri, dans un dernier rôle annonciateur. Son personnage ayant perdu toute raison de croire tente le diable et le blasphème : « Dieu n’est rien pour moi. Qu’il me frappe, je suis là ». L’héroïque panthère noire a été entendue malheureusement.
(7/10)
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