Le Bon Apôtre a tout du film d'horreur pop bien référencé et sa mixité des genres et des tons lui donnent raison malgré certains moments de cinéma ratés et/ou invraisemblables. L'énergie débordante du cinéaste de la mythologie The Raid se ressent à travers chaque plan que l'on sait retenu mais cadré au cordeau. Un potentiel explosif et ingérable semble émaner de la moindre séquence cruciale d'un point de vue de l'action ou de la narration avant que le cinéaste ne s'arrête juste à temps. Derrière un paysage cadré comme un film d'auteur turc à l'ampleur romanesque se cache une caméra roller-coaster, un corps éventré ou une saignée rappelant le caractère abrasif de son auteur.
Pourtant, à travers une écriture expédiée et prétexte à poser l'enjeu dramatique du film, on pense beaucoup à l'auteur de Resident Evil IV rencontrant au coin d'une rue Hayao Miyazaki, lesquels auraient imaginé une fable épouvantable avant que Park Chan-Wook ne se joigne à la conversation et apporte son sadisme baroque.
Un étrange film, à la signature graphique et narrative très moderne, nous replongeant pourtant quelques années en arrière avec ce goût de vieille confiture d'épouvante.