Le Trône d’argent: Game of Money

Costa-Gavras est une figure renommée du cinéma pourtant je n’ai vu aucun de ses films, non je ne rigole pas… AUCUN ! Du coup, j’avais bien l’intention de corriger cette erreur avec Le Capital doté de deux arguments de poids, une affiche sublime (du moins subjectivement) et un acteur à la reconversion très attendue car on sait bien que les acteurs comiques peuvent accoucher des meilleurs rôles dramatiques, pour preuve: Coluche et son Tchao Pantin.

Le Capital n’est autre qu’une énième histoire à la mode: sur la crise économique et les requins financiers. Un bon moyen d’attendre le prochain Scorsese sur le même sujet : The Wolf of Wall Street avec le quatuor de fou : Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Jean Dujardin (autre exemple d’acteur comique passé au drame) et Matthew McConaughey. L’avantage de ce film par rapport aux autres déjà sortis aux States comme pêle-mêle Margin Call, Too Big to Fail ou le documentaire Inside Job? Qu’offre vraiment de plus le nouveau Costa-Gavras ? Tout simplement, un milieu français (parisien pour être plus précis), un milieu évidemment bien différent de celui américain surtout reconnu pour ne pas être encombré avec beaucoup de lois et une histoire qui se concentre sur un seul personnage là où les autres se diluent dans de trop nombreux personnages.

Évidemment un tel milieu provoquera la curiosité du spectateur français, avide de savoir comment évoluent les plus hautes sphères de la finance européenne. Le constat final fait peur tant ces hommes aux salaires annuels dépassant le million sont avides d’argent. Le pire, c’est qu’ils ne semblent pas vraiment intéressés par sa sécurité mais plus par le respect qu’il apporte. Et cela est démontré plusieurs fois comme lorsque Marc Tourneuil (le personnage de Gad) s’énerve quand il apprend qu’il va gagner 1/3 de ce qu’un président normal toucherait. Il s’énerve non pas par manque d’argent mais pour l’irrespect d’une telle proposition. On se met alors mieux à comprendre l’attrait de nos patrons à vouloir augmenter leurs salaires directement alors qu’ils ne sont pas vraiment dans le besoin. Sans compter qu’ils ont parfois du mal à le dépenser. Le summum survient lors d’un repas de famille où Marc avoue ne pas trop savoir quoi faire de son argent mais ne s’inquiète pas… après tout les footballeurs gagnent bien plus que lui et arrivent bien à tout claquer.

En adaptant le roman de Stéphane Osmont, on voit bien où voulait en venir le réalisateur. Il voulait afficher à la face de la France les dérives du capitalisme à dose de répliques chocs (impossible de tous les compter tant elles sont nombreuses). Le twist final est même choquant. Car toutes les facettes de Marc Tourneil sont loin d’être dévoilées. Le réalisateur a eu l’intelligence d’engager un acteur comique adoré par les français pour mieux les choquer. Car même si l’acteur comique avait joué le rôle d’un enfoiré de première, il garderait toujours la sympathie du public. Donc pourquoi pas ne pas le faire jouer le rôle du pire enfoiré sur Terre, un monstre d’égoïsme ? Rendons hommage à la belle performance du franco-marocain qui aura su nous faire oublier qu’il est et être habité par Marc Tourneuil. L’acteur a beaucoup de talents pour la gestuelle et il le prouve en récupérant toutes les manières de ces « hommes » même si certains de ses tics sont parfois visibles cassant momentanément sa belle prestation.

Malgré tout Le Capital affiche des défauts assez lourds. Tout d’abord, le film traîne parfois en longueur, disserte dans le vide pour des scènes inintéressantes sans oublier sa façon de rabâcher plusieurs fois la même chose. Il souffre aussi de la concurrence des films cités au début de l’article qui ont brillamment parlé de la crise, l’analysant sous tous les contours possibles. Toutefois ce défaut demeure subjectif, d’un le spectateur n’a pas forcément vu ces films (vu leurs passages éclairs au cinéma ou leurs sorties Direct-to-Video, ce n’est pas vraiment étonnant) et de deux, Le Capital s’attache davantage à explorer la psyché de son personnage principal plutôt que de dévoiler les dessous de la crise.

Si le casting a la classe car international, on ne peut pas dire que tous les personnages sont intéressants. Celui de Gabriel Byrne n’est qu’un cliché de l’arriviste américain, celui de Le Coq du vieux con, celui de Natacha Régnier de bobonne trop gentille, trop conne, celui de Liya Kebede de la pétasse au demeurant fade (on comprend mal la fascination de Marc pour elle). En fait seul le personnage principal aura vraiment été approfondi. Mention spéciale au passage éclair du commentateur champion du monde Bixente Lizarazu, histoire de souligner la confrontation entre le monde du football et du money-money.
Marvelll
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le 16 nov. 2012

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