"Les bénéfices, ça se divise ; les condamnations, ça s'additionne"

Deuxième volet des aventures du truand Max le menteur imaginé par Albert Simonin (la trilogie entière a fait l'objet d'adaptations ciné), "Le cave se rebiffe" constitue l'un des fleurons de l'écriture argotique de Michel Audiard, qui excelle dans cet univers de demi-sels désireux de fabriquer des faux talbains.


Un atout considérable qui ravira les amateurs, mais en dehors des saillies verbales souvent enlevées de maître Audiard, il n'y a tout de même pas grand chose à se mettre sous la dent dans "Le cave se rebiffe", qui peine à combler avantageusement ses 90 minutes.
Simonin et Audiard concoctent un scénario minimaliste, dont les péripéties se succèdent à un rythme neurasthénique, ne réservant guère de surprises (la principale étant d'ailleurs spoilée par le titre lui-même!).


La mise en scène de Gilles Grangier se révèle plutôt efficace, même si la reconstitution de Caracas dans la région d'Hyères peut prêter à sourire. On a plaisir en revanche à se balader, le temps d'une poignée de scènes, dans le Paris de 1961, avec ses intemporels bateaux-mouches et quelques rues désuètes.
A noter que j'ai vu le film dans sa version colorisée, et qu'en dépit de teintes un peu criardes, les techniciens ont fait du beau travail.


Côté interprétation, Jean Gabin ne propose que le minimum syndical dans son rôle sur mesure du Dabe, tandis que le casting féminin laisse à désirer, entre une Martine Carol agaçante et une Ginette Leclerc vieillissante. Heureusement que la doyenne Françoise Rosay nous offre une prestation brève mais enthousiasmante.
On pourra aussi compter sur Bernard Blier, qui vole la vedette au père Gabin en tenancier de bordel en semi-retraite, excité du bulbe et vénal, ainsi que sur Franck Villard, en grand dadais "mètre-étalon de la connerie".


Au final, "Le cave se rebiffe" est une comédie sympathique, dans l'esprit des "Tontons flingueurs", où le génie d'Audiard suffira à combler ses plus fervents admirateurs, qui en oublieront peut-être l'aspect un brin paresseux.
Un bel exemple en tout cas de ce cinéma français populaire mais pas idiot.

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le 4 août 2016

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Val_Cancun

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