Il y a certaines œuvres qui piquent la curiosité mais qui ne donnent pas l'envie immédiate d'aller la découvrir en grand écran. Ce fût le cas pour le chant du loup. Casting efficace, production française gros budget, thème à la fois original et casse gueule, plusieurs raisons d'attiser la curiosité du cinéphile qui sommeil en chacun de nous.


Mais c'était sans compter sur la puissance des newsletter. Enfin les vraies quoi, celles qui ont des choses intéressantes à vendre à la cible que nous sommes. Pathé Beaugrenelle avait encore une fois innové. Toujours sur le fil de la nouveauté, une salle d'un tout nouveau genre avait vu le jour: première salle de cinéma équipée de la technologie ONYX led made by Samsung et installée par les laboratoires éclair. Le technophile que je suis n'a pas pu résister une seule seconde à cet appel de ce qui pourrait bien être le futur de l'équipement des sales obscures. Réservons mes impressions pour un autre billet d'humeur et intéressons nous à la réalisation d'Antonin Baudry... Premier film sélectionné pour mettre en avant l'écran, c'est ainsi que je me suis retrouvé devant le chant du loup.


Pas de temps à perdre, l'ambiance est tout de suite dépeinte dès les premières minutes. On débute le récit au cœur d'un sous marin, plongé dans les profondeurs d'une mer menaçante car située en territoire hostile, sorte de huis clos aquatique déconseillé aux clostrophobes. J'ai beaucoup apprécié l'application mise à dérouter le spectateur tout à long de la projection (qui n'en était pas une au sens technique du terme d'ailleurs...!). La réalisation désoriente. Pour ce qui est de l'image, les plans rapprochés sur les visages et le déroulement de l'intrigue à 70% au cœur d'un sous marin se chargent d'enfermer le spectateur dans sa salle, à l'image de l'équipage piégé dans ce carcasse de métal. Notre ouïe n'est pas oubliée, sans cesse sollicitée tout comme le personnage principal de Chaussette, incarné par François Civil. Elle est perdue entre les termes techniques incompréhensibles, les phases bruyantes qui tranchent avec celles de silence quasi absolu. On se surprend même à fermer les yeux par instants, afin de se mettre dans la peau d'une oreille d'or de la marine Nationale. Quant aux indices spatio temporels, ils sont peu présents voire quasi inexistants. Il reste difficile parfois de définir précisément le temps passé en mer et sur la terre ferme. Minutes, heures, jours...


On saluera un scénario extrêment bien léché. Simple et efficace, l'intrigue se résume en quelques lignes. Contrairement aux grosses productions américaines avec lesquelles le film rivalise ouvertement, pas d'escalade dans la narration avec des rebondissements à n'en plus finir et des histoires tirées par les cheveux. Ici c'est la simplicité qui règne et tout ça respire l'authenticité. J'ai d'ailleurs eu parfois l'impression d'assister à une sorte de documentaire tellement le film s'appliquait à nous faire découvrir l'univers de la marine, et plus largement de la défense, à travers un prisme d'une justesse fort appréciable.


Comment évoquer la justesse sans parler des acteurs et de leurs jeux. De mon point de vue, tous excellent. Kateb, kassovitz, Berteloot, Civil... Tous hormis Omar Sy. Cela fait plusieurs fois que je le vois à l'écran et quel que soit le type de production, le genre de personnage qu'il incarne, je le trouve inlassablement en décalage avec son rôle. Son ton n'est pas juste et toutes ses interventions sonnent fausses. Cependant relativisons, ce n'est pas sa pire prestation il faut l'admettre.


J'ai aimé les oppositions intéressantes que l'on retrouve: Choc des générations, improvisation / procédures, rigidité / souplesse... Le déroulé de l'intrigue nous plonge dans des prises de décisions et processus qui semblent absurdes de part leur application académique. Mais on se rend vite compte que sans elle, il ne peut y avoir d'ordre et par extension pas de sécurité nationale.


Un excellent film français nous est livré, à l'atmosphère soignée et à la production solide. A aller voir sans hésiter pour peu que l'on aime les films à suspens qui vous maintiennent sous tension. Ressenti à la fin de la séance: combien de situations similaires avons nous vécus sans que le peuple en soit informé...? Car a l'issu du dénouement, rien ne paraît avoir fuité auprès de la population, qui a pourtant frôlé le pire.

Bolivian
8
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le 22 mars 2019

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Bolivian

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